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masques vénitiens. Photos Pierre Eric Guisard. 

 Introduction
 

  Nul ne peut échapper à la présence à soi qui est celle d'un être doué de conscience. Je dis « je » « moi » et je fais spontanément la distinction entre ce qui est moi  et ce qui n'est pas moi. Il semble qu'il soit impossible, au sens de contraire aux lois générales de l'expérience, de ne pas être soi-même. Je ne peux pas être autre que le sujet de mes pensées, de mes actes et de mes états ; sujet s'apercevant continuellement, excepté lorsque la conscience étant abolie, « être soi-même » a cessé  d'être signifiant.

  Pourtant il nous arrive de dire « je n'étais plus moi », «  j'étais hors de moi », « je ne me reconnais plus ». Ces expressions révèlent que l'évidence de ma propre identité est comme suspendue. Je fais l'expérience d'une altérité, d'une étrangeté au plus intime de moi-même. Je m'éprouve aux prises avec quelque chose en moi que je ne reconnais pas comme moi. Comment comprendre que je puisse me découvrir voire me proclamer autre ? N'est-ce pas l'aveu que je n'ai pas un rapport de transparence avec moi-même et que chacun peut être pour soi, au gré des situations, un objet de surprise ? Surprise désagréable car je suis rarement tenté de dire « ce n'est pas moi » lorsque ce qui me rend perplexe est gratifiant. Alors qu'en est-il de cette expérience ? Faut-il dire que « je est un autre » selon la formule de Rimbaud ou avec Sartre identifier une stratégie de mauvaise foi ?

  Parce qu'enfin cet être que je dis ne pas être moi, je sais bien que c'est moi.  D'où le véritable enjeu de cette question soumise à notre réflexion : qu'est-ce donc qu'être soi-même pour un pour-soi, c'est-à-dire pour un être qui est toujours dans la division de soi avec soi ? Est-il jamais possible de réaliser l'unité de son être et de revendiquer une identité déterminée ? La conscience n'est-elle pas ce qui nous condamne à nous conquérir contre tout ce qu'elle néantise parce que ce qui nous élève à la dignité d'une personne est aussi ce qui nous oblige ?

 

 1)      l'impossibilité de ne pas être soi

 

  Il est impossible de ne pas être soi parce que la conscience est notre manière d'exister or la conscience est présence à soi et au monde. J'ai conscience de moi et j'ai conscience du monde, telle est la donnée immédiate. Sauf cas pathologique le savoir de moi et de ce qui n'est pas moi m'accompagne tout au long de ma vie.

  Ainsi Descartes établit que je peux douter de tout sauf de ce moi qui pense et qui est certain de lui-même aussi longtemps que par l'opération de la conscience ou de la pensée il se sent exister. « Je pense donc je suis ». Le cogito est la certitude de soi comme un être dont l'unité et l'identité sont données dans une évidence intuitive. Je sais que je suis et ce que je suis car j'ai la connaissance immédiate de mes états et de mes actes. Même lorsque, ce que  je remarque en moi « répugne à ma raison », je sais que c'est mien. J'ai un rapport de transparence avec moi-même et aussi longtemps que ma conscience n'est pas abolie il m'est impossible de dire que je ne suis pas ou que je suis un autre.

  La conscience est le garant de mon unité : Moi c'est moi. Cette tautologie révèle qu'il n'y a pas de place au sein du sujet pour un autre moi qui ne serait pas moi. De même la conscience est garante de mon identité. Sans doute fais-je l'expérience du changement. Mais précisément pour se sentir changer il faut que quelque chose ne change pas. Si à chaque instant j'étais un autre qu'à l'instant précédent je n'aurais pas conscience de ces changements. La conscience du changement suppose la permanence du sujet qui rapporte à soi les différentes transformations qu'il subit. Kant analyse ce fait avec l'exemple du petit Charles. Tant que l'enfant ne dit pas « je », son expérience est éclatée en une diversité et une multiplicité de vécus. Il n'a aucune unité ni identité ; il parle de lui à la troisième personne .Mais vient un moment, que Kant analyse comme le passage du « se sentir » au « se penser » où le petit Charles devient capable de synthétiser dans l'unité et l'identité d'un « je » la diversité et la multiplicité de ses vécus. Charles se pose dans l'existence comme le centre unificateur de ses expériences passées, présentes et à venir. La conscience est ce fil conducteur qui fonde l'unité et l'identité d'un être dans le temps.

  Cette analyse est aussi celle de Locke. La personne a le sentiment d'être une et la même tant qu'elle a conscience d'elle-même  et comme cette conscience présente de moi-même était aussi ce qui me caractérisait hier, c'est en définitive à la mémoire que je dois la certitude d'être ce que je suis et pas un autre.

  Au terme de cette première analyse on peut donc conclure avec Kant : « La pensée que je ne suis pas ne peut absolument pas exister ; car si je ne suis pas, je ne peux pas non plus être conscient que je ne suis pas ...Parlant à la première personne ; nier le sujet lui-même (celui-ci en quelque sorte s'anéantit) est une contradiction » Anthropologie d'un point de vue pragmatique. Vrin, p.47.

 

  Et pourtant, même s'il est vrai que le sentiment d'être soi ne quitte jamais la pensée ne nous arrive-t-il pas de douter de l'unité et de l'identité de notre être ? Quelles sont ces expériences où la certitude  d'être soi cesse d'aller de soi ?

 

2)       Ce qui rend possible le sentiment de ne pas être soi

 

   Ce sont toutes les situations où je repère en moi quelque chose qui me dérange, m'étonne et me confronte à une vérité insoupçonnée ou refusée de  mon être.

 

 1°) La révélation de sa propre opacité. 

 

  Ainsi je ne peux pas rapporter à mon moi conscient et volontaire certaines de mes productions psychiques. Tel désir obscène, tel rêve absurde, tel symptôme névrotique etc. ont bien un sujet mais j'ai peine à croire que ce sujet soit moi. Je découvre dans la perplexité qu'il y a de l'opacité, de l'étrangeté au cœur de mon être. L'unité de ma personne perd son évidence et même, si l'on suit la leçon de Freud, il faut admettre que cette unité est une illusion. Il y a une dualité intérieure au sujet ; le moi n'est que la partie du psychisme humain la plus superficielle. Je suis un ça, un surmoi et ces instances qui me régissent à mon insu me sont inconnues. La conscience de soi n'est pas claire connaissance de soi. Le sujet n'est pas aussi transparent à lui-même que le prétend Descartes. L'inconscient est en moi une autre scène fonctionnant selon d'autres lois que la conscience. Et lorsqu'il se manifeste, j'ai de la peine à admettre que ce désir de meurtre, ce fantasme pornographique qui répugnent à ma raison, dirait Descartes, soit aussi une dimension de mon être. Je suis tenté de les dénier et en tout cas ils m'amènent à nourrir des doutes sur mon unité et mon identité.

 

 2°) Les métamorphoses d'un sujet dans le temps.

 

  Mon identité n'est pas fixée une fois pour toutes. Je suis un sujet en devenir se construisant dans le cadre d'une histoire et se transformant en fonction de ce qu'il lui est donné de vivre. Or s'opèrent parfois en moi des transformations si profondes que la continuité de mon moi semble brisée. J'ai l'impression d'être devenu quelqu'un d'autre, de fondamentalement différent, de méconnaissable à mes propres yeux. « Ce que l'on peut changer ! » se lamente le bon sens. Ce spectacle m'émouvait autrefois, il me laisse aujourd'hui de glace. Cette injustice me révoltait, elle m'est moins sensible comme si le temps érodait la sensibilité, l'endurcissait au point de me donner le sentiment d'être devenu quelqu'un d'autre, quelqu'un qui me plaît moins que ce qu'il était dans sa jeunesse. «  Moi à cette heure et moi tantôt, sommes bien deux » avoue Montaigne dans ses Essais,111,9. L'inconstance, voilà le maître mot de la condition humaine. Faut-il en conclure avec le sceptique Hume que la continuité du moi, sa permanence dans le temps sont des fictions  de l'imagination ?

 

 3°) La violence passionnelle.

 

  Dans l'emportement passionnel aussi je fais l'expérience d'être la proie de quelque chose qui me déstabilise dans mon expérience familière. Je peux avoir le sentiment d'être devenu étranger à moi-même. Je ne parviens plus à penser à autre chose qu'à l'objet de mon amour ou de ma haine. La passion agit en moi comme une puissance d'envoûtement, de possession. Elle me conduit à des actes que je réprouve et néanmoins que je commets comme si, comme on dit « c'était plus fort que moi ». C'est pourquoi dans la tradition tragique ou courtoise  la passion est regardée comme une emprise de la divinité ou de la fatalité sur l'homme. Tristan le chevalier courageux ; respectueux de son oncle le roi Marc ne recule devant aucune bassesse dès lors qu'ayant bu le philtre d'amour, plus rien ne compte que son amour pour Yseult. Il semble être devenu quelqu'un d'autre comme ce bon père de famille, honnête homme respecté de tous qui, sous l'effet d'une violente colère, se transforme en assassin du supposé violeur de sa fille. « Je suis devenu enragé », « je n'étais plus moi-même » confesse-t-il à son procès, rajoutant aussitôt qu'il se considérait comme entièrement responsable car nul homme digne de ce nom ne peut se disculper de perdre la maîtrise de se conduite. Drame de la violence passionnelle. Elle altère les capacités de jugement et de contrôle, elle conduit souvent à l'irréparable et lorsque la passion s'apaise, le sujet ne peut que contempler le champ de ruines et subir les affres du remords ou de regret.

 

  4°) La comédie humaine et les jeux de rôle.

 

  Si l'unité et l'identité de la personne sont une fausse évidence c'est aussi que ce que je suis, dépend en grande partie des situations dans lesquelles je me trouve et des personnes avec lesquelles je suis en relation. Je ne suis pas le même avec des personnes différentes. Persona en latin c'est le masque que les acteurs antiques  portaient pour figurer sur la scène l'unité d'un caractère. N'en est-il pas de même de ma propre personne ? Est-il jamais possible d'être totalement sincère dans la multiplicité des rôles qu'impose la comédie humaine ? Si j'essaie d'être honnête ne dois-je pas m'avouer que je ne peux coïncider avec aucun de mes rôles sociaux et que, pour certains j'ai l'impression d'être ou de faire quelque chose qui me met mal à l'aise. C'est que tout homme doit compter avec la pression du groupe, la nécessité des convenances, ou diverses obligations dont la légitimité peut être admise mais qui peuvent contraindre le sujet, au point de lui donner l'impression de ne pas être fidèle à une certaine idée qu'il se fait de lui-même.

 

 5°) Les effets dépersonnalisants des institutions totalitaires.

 

  Ce thème est une manière de décliner l'argument précédent mais dans des situations limites ; celles que des hommes peuvent vivre dans une organisation politique telle que le système nazi ou stalinien ou encore dans des institutions telles que la prison, un centre scolaire fermé ou un couvent, coupant l'individu du monde extérieur et du mode normal de vie. On s'étonne des actes atroces ayant pu être commis dans ces circonstances et on se dit que les bourreaux et leurs complices ne pouvaient pas être des hommes ordinaires. Or nous savons désormais qu'il y a « une banalité du mal » (Cf. Hannah Arendt. Eichmann à Jérusalem) et que l'argument majeur des personnes appelées à répondre de leurs conduites fut invariablement : « Je ne voulais pas cela, j'obéissais à des ordres, je ne suis pas responsable, je n'étais pas moi-même dans ce qu'on me demandait de faire ». Voir pour ce thème l'expérience de la prison de Stanford conduite par Philippe Zimbardo en 1971 (www.prisonexp.org) ou celle de Milgram sur la propension humaine à obéir aveuglément à l'autorité.

  Dans son livre Un si fragile vernis d'humanité, Michel Terestchenko cite un passage d'une lettre que Zimbardo reçut, deux mois après son expérience, du prisonnier 416, un des rares étudiants s'étant comporté d'une manière réfléchie et qui avait été placé en cellule d'isolement pour sa résistance : « Je commençais à sentir que mon identité, la personne que j'étais et qui avait décidé d'aller en prison, était distante de moi, était éloignée au point de ne plus être elle-même : j'étais le prisonnier 416. J'étais vraiment mon matricule ».

 

   Au terme de cette seconde analyse il apparaît donc tout à fait possible d'avoir le sentiment de ne pas être soi-même. Mais un sentiment est une chose, la réalité sur laquelle il porte une autre.

   Car soulignons l'ambiguïté. Cet être opaque à lui-même, «  ondoyant et divers » dans le temps et selon les contextes (Montaigne), emporté par l'élan passionnel, extérieur au rôle qu'il joue ou se soumettant massivement à une autorité, je sais bien que c'est moi. Seule la mauvaise foi peut me conduire à me défausser de cette vérité de moi-même, qui pour problématique qu'elle soit est bien mienne.

  La mauvaise foi, nous apprend Sartre est un mensonge à soi-même et un mensonge aux autres Mauvaise foi ce que Freud théorise comme refoulement inconscient ; mauvaise foi le refus d'admettre que l'identité n'est pas figée et que ce que je suis devenu, c'est aussi bien moi que ce que j'étais ; mauvaise foi cette manière d'incriminer le destin ou un sortilège là où je consens à l'amour ou à la haine qui m'emportent ; mauvaise foi cet alibi de ne pas être soi-même dans le rôle du bourreau ou dans celui de l'agneau puisque s'il m'était totalement étranger je serais bien incapable de le jouer.

  Nous sommes la totalité de ce que nous sommes et la totalité  de nos actes explique Sartre et s'il nous arrive de prétendre le contraire c'est que nous cherchons à échapper aux multiples responsabilités qui nous incombent et à l'angoisse engendrée par le sentiment de notre liberté.

  Il n'y a de véritable aliénation que pathologique. Le fou, sans doute, s'est perdu lui-même et subit ce sort redoutable d'être autre que ce que,  par son délire, il croit être. Mais aliénation mentale exceptée, nul ne peut échapper à la présence à soi qui est celle d'un être conscient.

 

  3) Dépassement : l'impossible adéquation à soi

 

  Ces multiples expériences nous révèlent seulement que l'être doué de conscience est impuissant à être sur le mode de l'en soi. Etre conscient de soi c'est être pour-soi c'est à dire c'est être  à distance de soi, se représenter et surtout se juger. «  Qui ne se condamne pas ne se connaît pas » écrit Alain or qu'est-ce que se condamner si ce n'est souffrir de ne pas être en-soi ce à quoi on aspire à être pour-soi ? L'écart de soi à soi, l'insatisfaction qui en découle, sont la marque de l'humanité. En eux se joue notre profil moral selon que, lâches nous serons tentés de nous abuser sur nous-mêmes ou courageux nous ferons de cette distance l'occasion de nous vouloir et de nous faire exister conformément à la noblesse que la conscience nous confère. C'est elle qui nous élève à la dignité d'une personne, c'est donc elle qui doit nous permettre de nous unifier et de nous approprier notre identité. Celle-ci n'est pas de l'ordre de l'être  puisque la conscience est échappement à ce que l'on est sur le mode du donné. Elle est de l'ordre du devoir être c'est-à-dire de la liberté. Il s'ensuit qu'être soi-même c'est s'efforcer d'être fidèle à une certaine idée de ce que l'on doit être, c'est une tâche voire une destinée non un destin. En faisant sien le précepte delphique « connais-toi toi-même » Socrate nous assignait à cette vocation. Souviens-toi que tu es esprit nous disait-il et « découvre ce que la pensée t'assigne comme essence » (Hegel)

 

 

 Conclusion   

 Penser l'unité et l'identité humaine, autrement dit le « moi », dont Pascal affirme qu'il est inassignable, ne revient à exclure ni la multiplicité, ni la diversité, ni la mobilité des facettes d'un sujet car il est la synthèse de cette complexité et il  le sait. Non seulement être soi, c'est intégrer la multiplicité de ses dimensions, la diversité de ses visages et la mobilité de ses états dans l'unité d'un moi, mais tout se passe comme si ce moi était ce « je ne sais quoi » conférant à la complexité concrète d'un sujet son style ou son allure propre. Même dans ses expressions les plus étonnantes  chacun ne ressemble qu'à lui-même. Sans doute toutes les personnalités n'ont-elles  pas le même degré d'unité et d'originalité. Reste que, toutes réelles qu'elles soient, l'opacité, l'inconstance, la mobilité du moi, l'emprise passionnelle  n'autorisent pas, sans mauvaise foi, un sujet à se prétendre autre que ce qu'il est.  On ne peut donc pas affirmer que «Je est  un autre ».  Bien au contraire « Je » est, ce qui, tout au long de notre vie, confère à notre être selon la formule de Montaigne  sa « maîtresse forme ».

  « Tout mouvement nous découvre écrit Montaigne. Cette même âme de César, qui se fait voir à ordonner et à dresser la bataille de Pharsale, elle se fait aussi voir à dresser des parties oisives et amoureuses. On juge un cheval non seulement à le voir manier sur une carrière, mais encore à lui voir aller le pas, voire à le voir en repos à l'étable ». Essais 1, 50

 

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42 Réponses à “Peut-on ne pas être soi-même?”

  1. Jeff dit :

    Bonjour Mme. Manon l’utilisation du pronom personnel « je » est-il un point de discorde entre les différents professeurs de philosophie ? Mon professeur me dit de préférer le « on » impersonnel.
    Merci

  2. Simone MANON dit :

    Bonjour Jeff
    Non, il n’y a aucune pomme de discorde sur ce point car le « je » dans une dissertation, s’il est employé, n’est guère différent du « on ». Dans l’un et l’autre cas, ils renvoient au sujet de la pensée, non à un sujet prisonnier de sa subjectivité. L’acte de pensée suppose toujours la distance par rapport à l’opinion particulière, le détour par le point de vue de l’altérité, bref l’effort d’élever sa réflexion à l’universel.
    Bien à vous.

  3. Mathilde dit :

    Bonjour Mme Manon , peut-on parler des substances illicites , alcool ,.. dans ce cas là ? Où est- ce qu’elles sont juste la cause d’un état dans lequel un individu se trouve sans pour autant qu’il soit totalement aliéné intérieurement ? Est-ce qu’on peut réellement dire qu’il agit sans conscience ?

  4. Simone MANON dit :

    Bonjour Mathilde
    Je suppose que votre perplexité tourne autour de la question de savoir si l’usage des drogues ou de l’alcool peut déposséder un sujet de la conscience et de la maîtrise de lui-même. Il me semble que la réponse va de soi. A un certain niveau de ce que les drogués appellent « la défonce » ou d’ivresse, un sujet ne sait plus ce qu’il fait. L’aliénation est radicale. On peut seulement lui imputer la responsabilité de s’être mis dans cet état.
    Bien à vous.

  5. Yassine dit :

    Bonjour Mme.Manon,
    Je voudrais savoir si une personne ne peut pas être à soi-même, est-ce une personne qui est totalement aliéner au monde ?

  6. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Votre propos est d’une grande confusion.
    Voyez bien que prétendre « ne pas être soi-même » est une chose, « ne pas être à soi-même » en est une autre.
    Dans les deux cas ce sont des figures de l’aliénation.
    Mais l’expression: « aliéné au monde » revêt-elle une signification? Qu’entendez-vous par là? Voyez l’analyse du concept d’aliénation dans ce cours: http://www.philolog.fr/visages-de-lalienation-humaine-jan-patocka/
    Bien à vous.

  7. Léa dit :

    Bonjour Madame Manon,
    Je traite le même sujet que vous et je suis surprise que vous n’évoquiez que très peu la notion de liberté. Est-ce une faute si je reprends la notion tout le long de mon devoir et notamment dans ma problématique..?
    Merci

  8. Simone MANON dit :

    Bonsoir
    Le « peut-on » se décode d’abord ici comme: est-ce une possibilité existentielle voire ontologique? Vous pouvez le décoder comme:a-t-on la liberté de?
    Mais l’enjeu de cet énoncé tourne moins autour de la question de la liberté que de celle de l’identité.
    Bien à vous.

  9. jérôme dit :

    Bonjour,
    Je traite le sujet suivant : « Peut-on échapper a soi-même » et je souhaiterai savoir si votre analyse convient pour mon sujet et si cela s’en approche ?
    Merci.
    Cordialement.

  10. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Dans la mesure où la notion « d’être » n’est pas synonyme de celle « d’échapper », les deux sujets se recoupent mais ne sont pas assimilables.
    Votre énoncé est plus ouvert et vous permet d’exploiter la thèse hégélienne et sartrienne de la double existence.http://www.philolog.fr/ambiguite-de-la-condition-humaine/
    Bien à vous.

  11. Louis dit :

    Bonjour ,
    D’après vous est il possible de mettre une partie sur le droit. Est ce qu’on a le droit de ne pas être soi-même .
    merci.
    Cordialement

  12. Simone MANON dit :

    Bonjour
    La question portant sur le pouvoir de droit ne se pose que si est ouverte la possibilité de fait. Est-ce le cas ici?
    Bien à vous.

  13. Maureen dit :

    Bonjour Mme MANON,
    Je ne comprends pas le sens de votre phrase « Mais précisément pour se sentir changer il faut que quelque chose ne change pas » peut-on ici introduire le terme de propriété invariante que mon professeur a évoqué en cours : propriété qui permet de reconnaître un être malgré un changement.
    Merci d’avance.

  14. jojo dit :

    Bonjour Mme.Manon!
    Je dois rendre une dissertation sur le sujet que vous avez traité. Est-ce une erreur si je dis que nous sommes toujours nous même et que lorsque l’on prétend le contraire c’est à cause d’un manque de connaissance de soi ou c’est de la mauvaise foie?
    Merci d’avance

  15. Simone MANON dit :

    Réponse à Maureen
    Bonjour
    La notion de propriété invariante n’est pas pertinente en termes kantiens car l’idée de propriété suppose celle de substance or, si identité il y a, il ne s’agit pas d’une identité substantielle. La permanence du sujet est celle de la conscience ou du sujet transcendantal qui accompagne toutes mes représentations.
    Bien à vous.

  16. Simone MANON dit :

    Réponse à Jojo
    Bonjour
    Oui, votre élucidation de la question est satisfaisante.
    Veillez seulement à la correction de l’expression: mauvaise foi.
    Bien à vous.

  17. Coco dit :

    Bonjour Madame,

    Pourriez vous me donner quelque précision sur la phrase suivante ? « Ces multiples expériences nous révèle seulement que l’être doué de conscience est impuissant à être sur le mode de l’en-soi. » Je ne comprends pas votre phrase et de quoi vous voulez parler.

    Merci
    Coco

  18. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Une dissertation suppose la maîtrise des idées développées dans un cours.
    La connaissance de la distinction de l’en soi et du pour soi est un prérequis ici. Voyez le paragraphe sur Hegel et Sartre dans ce cours: http://www.philolog.fr/ambiguite-de-la-condition-humaine/
    Bien à vous.

  19. Valentine dit :

    Bonjour Madame,

    J’ai une dissertation à rendre sur ce même sujet, le professeur nous a plus ou moins suggérer de faire plutôt une partie sur la capacité/possibilité et une partie sur la légitimité mais je n’ai as vraiment compris la notion de légitimité dans ce sujet.

    De plus j’ai une question, lorsque nous nous faisons passer pour quelqu’un d’autre pour par exemple impressionner, plaire, etc.. nous avons conscience que nous ne sommes pas nous même à cet instant mais nous avons aussi conscience de ce que nous sommes réellement, donc dans ce cas est ce que l’on peut réellement dire que nous ne sommes pas soi même ?
    En clair, ne pas être soi même est-ce ne pas avoir conscience de ce que nous sommes ou est-ce ne pas donner l’image de ce que nous sommes ?

    Merci d’avance !

  20. Simone MANON dit :

    Bonjour Valentine
    La suggestion de votre professeur m’étonne car la question de la légitimité ne se pose que si la possibilité de fait a un sens. Or l’examen du sujet me semble établir que non.
    En toute rigueur, on ne peut pas glisser du « ne pas être soi-même » à « se faire passer pour quelqu’un d’autre ». Votre perplexité est parfaitement fondée. La personne qui joue un rôle, aliénation mentale exceptée, sait parfaitement qu’elle n’est pas le personnage qu’elle joue même si par mauvaise foi elle peut parfois se laisser prendre au jeu.
    Cf. L’affaire Jean Claude Romand: Sur le point d’être démasqué pour son mensonge, Romand assassine les membres de sa famille, preuve qu’il n’ignorait pas l’imposture de son personnage.
    Bien à vous.

  21. Valentine dit :

    Merci beaucoup pour votre réponse !

    J’ai finalement décider d’écarter la notion de légitimité dans mon plan et penche plutôt sur une partie impossibilité de ne pas être soi même et une partie sur les cas ou il semble que nous ne soyons pas nous même, je ne suis pas encore sur de faire une troisième partie.

    J’ai vue que dans votre analyse vous parlez de Locke que nous avons étudié en cours, cependant vous le mettez dans le 1) et ce que ce serait juste si je la mets dans ma partie « possibilité de ne pas être soi » ? Puisque s’il y a un lien entre mémoire et identité la perte de mémoire entraîne la perte de l’identité puisque nous ne savons pas ce que nous étions nous ne pouvons plus être la même personne, nous ne sommes donc plus nous même … Est ce cohérent comme raisonnement ?

    Aussi je me demandais si parler de maladie, drogue ou alcool était légitime our ce sujet ou si ça ne soulevait pas le problème ?

    Merci beaucoup pour votre aide et pour le temps que vous m’accordez !

  22. Simone MANON dit :

    Bonjour Valentine
    J’ai traité le sujet en me limitant à notre expérience en situation « normale ». J’ai donc exclu l’aliénation mentale, l’accident rendant amnésique ou la maladie neuro-dégénérative type Alzheimer.
    Mais vous êtes tout à fait autorisée à exploiter l’analyse de Locke pour montrer qu’un sujet ayant perdu la mémoire ne sait plus qui il est. Dès lors que les supports (conscience, mémoire) du sentiment de notre identité sont défaillants, celui-ci est altéré voire supprimé.
    Le problème est que la personne ne peut pas prétendre ne pas être elle-même car cette référence n’a plus de sens pour elle. On ne peut avoir l’impression d’être quelqu’un d’autre que sur fond de la conscience de soi-même.
    A une certaine dose, les drogues, l’alcool dépossèdent un sujet de la conscience de lui-même. Vous pouvez aussi envisager ces situations. Dans ce cas de figure la question de la légitimité d’un usage ayant cet effet se pose dans la mesure où le droit fonde la responsabilité de la personne sur deux présupposés: la conscience lui permettant de juger et la liberté lui permettant de faire ou non ce qu’elle fait. Or les drogues brouillent ou anéantissent les conditions de la lucidité et de la liberté.
    Tout traitement d’une question est ouvert dès lors qu’on évite les confusions en précisant bien les présupposés de ses conclusions. Votre souci de la cohérence du raisonnement est le meilleur rempart contre ce travers.

    PS: Attention à la correction de l’expression: j’ai vu; est-ce que? je ne suis pas sûre.
    Bien à vous.

  23. Valentine dit :

    Merci beaucoup pour toutes ces précisions qui vont m’être d’une grande aide !

    Bonne continuation !

  24. Clémence Chambaud dit :

    Madame,

    J’ai moi-même traité ce sujet, mais – comme l’un de vos interlocuteurs – j’ai rencontré un problème au moment de la correction. Puisque l’intitulé comportait le pronom réfléchi de la 3ème personne (« soi »), je suis passée du « peut-on » au « puis-je » sans hésiter. Or mon professeur (qui reconnaît par ailleurs que ma copie est rigoureuse et cohérente) me dit qu’il aurait fallu éviter de passer du « on » au « je » et appliquer cette question au monde des choses. Il me donne pour illustration le bateau de Thésée (que vous connaissez sans aucun doute). Si je suis sa logique, je suis hors sujet. Que pensez-vous de son raisonnement? Croyez-vous qu’un tel malentendu puisse de produire au concours du Capes ?!
    Merci à vous. C.C.

  25. Simone MANON dit :

    Bonjour
    La question « peut-on ne pas être soi-même » n’a évidemment pas de pertinence pour le monde des choses puisque seul peut avoir des problèmes avec son identité, l’être qui a conscience de lui-même et peut dire « moi ». La bateau de Thésée n’existe pas pour lui-même comme un moi et la question de son identité ne se pose que pour l’homme ou la conscience se demandant s’il demeure le même malgré les changements qu’il subit. ( Cf. le cours où je fais allusion à ce thème. http://www.philolog.fr/identite-i-le-probleme-metaphysique/ )
    Une partie consacrée au monde des choses aurait donc vocation à établir que le problème ne se pose pas pour elles, ce qui me semble inutile ou redondant dans la mesure où par l’analyse vous êtes nécessairement conduit à établir que la conscience de soi est la condition du sentiment de son identité.
    Le glissement que vous opérez du peut-on au puis-je me paraît donc tout à fait fondé.
    Peut-être avez-vous mal compris ce que vous a dit votre professeur car je doute que les remarques précédentes ne soient pas aussi évidentes pour lui que pour vous et moi.
    Bien à vous.

  26. Clémence Chambaud dit :

    Merci beaucoup,
    Hélas, je crois plutôt à une erreur de sa part, due à la précipitation ou à l’habitude, à l’inattention. Pour nous étudiants, le plus inquiétant est de voir que certains professeurs refusent d’admettre qu’ils se sont trompés… La philosophie incite pourtant à plus de sagesse.
    En tout cas, merci beaucoup, vos réponses sont toujours un réconfort.
    Cordialement C.C.

  27. Christian Lars dit :

    Bonjour Mme Manon,
    Je comprends en lisant votre conclusion pourquoi plusieurs de mes élèves ont cru bon d’affirmer que Rimbaud aurait dit « Je n’est pas un autre » !

  28. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Il fallait leur dire de mieux lire l’introduction. Quoi qu’il en soit j’ai rectifié la phrase afin d’éviter les malentendus.
    Merci d’avoir attiré mon attention sur ce point.
    Bien à vous.

  29. Manon dit :

    Bonsoir,

    je suis en prepa Hec et j’ai un sujet de dissertation en culture G à faire pour vendredi.
    Mon sujet c’est : Sommes nous ce que nous sommes?
    je trouve que votre dissertation s’adapte bien à mon sujet mais j’ai peur de me tromper et donc de faire un hors sujet…
    pouvez vous me dire si j’ai raison ou si je dois partir sur d’autres pistes?

    Merci

  30. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Non, ce n’est pas le même sujet. La question ici n’est pas de savoir si l’on peut se défausser de certaines dimensions de son être en opposant une altérité à une identité; elle interroge essentiellement ce que signifie être pour un pour soi.
    Bien à vous.

  31. kjomb dit :

    Bonjour Madame Manon,
    Je vous remercie tout d’abord pour ce fabuleux site si bien fourni. Je voulais tout simplement savoir si on traite ce sujet, cela reviendrait-il a traiter, de maniere partielle, le sujet suivant:  » La conscience nous rend t-elle etranger a nous-meme ? »
    Je vous remercie d’avance de votre réponse.
    Cordialement

  32. Simone MANON dit :

    Bonsoir
    Non, le sujet que vous avez à traiter engage une tout autre problématique.
    Bien à vous.

  33. Moses dit :

    Merci Madame, mais je voulais aussi savoir si un aliéné mental peut être assimilable à un animal du fait qu’il manque la conscience et que par conséquent il cesse d’être un être humain. Merci

  34. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Quel qu’il soit, un être humain a, juridiquement, le statut d’une personne. Une personne est ce qui se distingue d’une chose. Voyez ce cours pour saisir le sens de cette distinction et son fondement: http://www.philolog.fr/ambiguite-de-la-condition-humaine/
    Il est une personne qu’il soit en bonne santé ou malade, vivant ou à l’état de cadavre. C’est pourquoi on doit le traiter avec le respect qui est dû à une dignité.
    Il en est de même pour le malade mental. Il n’a plus la libre disposition de ses facultés psychiques mais il n’en est pas privé. Descartes insiste beaucoup sur ce point. Même si son discours est aberrant, le malade mental parle, vise du sens. Il participe bien des caractéristiques de l’être doué de conscience. Il n’est donc pas un simple animal. http://www.philolog.fr/descartes-et-la-question-du-langage/
    Bien à vous.

  35. […] Victor Hugo, Ruy Blas Document envoyé le 30-01-2015 par Cécile ChaumeauExplications de textes pour l'oral. Jean Cocteau, La machine infernale Document envoyé le 30-01-2015 par Anne DAVIDSéquence sur oeuvre intégrale, avec lectures analytiques et études transversales de la pièce. Molière, Le Misanthrope Document envoyé le 11-12-2014 par LEFEVRE Pascal-IbrahimSéquence détaillée pour l'étude de l'oeuvre. Grumberg, L'Atelier Document envoyé le 27-05-2014 par Françoise JestinQuestions pour l'E.A.F, exposé et entretien. » Peut-on ne pas être soi-même? […]

  36. Miln dit :

    Bonjour Madame, une question par rapport à la philosophie en général. Je suis en terminale L et mon prof me dit : Il y a pas de façon de faire une dissertation de philo, à par intro, plan et conclusion et qu’il suffit juste que il y est une réelle réflexion dans la copie. Il nous dit par exemple qu’il attend d’une très bonne copie que il y est des choses auxquelles il n’avait jamais pensé. Mais je doute de cela, puisque d’autres prof nous dissent l’inverse, qu’il y a en effet une méthode pour faire une dissertation.
    Bien à vous,
    Miln.

  37. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Voyez le cours de méthode en cliquant sur méthodologie dans la colonne de droite sur ce blog. Le respect de la méthode est fondamental. Ce qui ne vous dispense pas de penser par vous-même et de produire ainsi une réelle réflexion.
    Attention aussi à la correction de l’expression.
    Ex: qu’il y ait.
    Bien à vous.

  38. […] » Peut-on ne pas être soi-même? Introduction Nul ne peut échapper à la présence à soi qui est celle d'un être doué de conscience. Je dis « je » « moi » et je fais spontanément la distinction entre ce qui est moi et ce qui n'est pas moi. Il semble qu'il soit impossible, au sens de contraire aux lois générales de l'expérience, de ne pas être soi-même. Je ne peux pas être autre que le sujet de mes pensées, de mes actes et de mes états ; sujet s'apercevant continuellement, excepté lorsque la conscience étant abolie, « être soi-même » a cessé d'être signifiant. Pourtant il nous arrive de dire « je n'étais plus moi », « j'étais hors de moi », « je ne me reconnais plus ». Ces expressions révèlent que l'évidence de ma propre identité est comme suspendue. […]

  39. Valentin dit :

    Bonjour,
    Mon professeur de philosophie nous a demandé de disserter sur la problématique suivante : « Peut-on ne pas être soi même ? »
    Est ce que je peux placer dans ma réponse que « non car d’un point de vu génétique… » ? Où est ce qu’il vaut mieux que je ne mélange pas SVT et Philosophie ? (je suis en Tle S)

  40. Simone MANON dit :

    Bonjour
    On peut adopter toutes les perspectives que l’on veut dans une dissertation, dès lors qu’elles sont argumentées correctement.
    Dans cet exemple précis, il faut vous demander s’il y a sens à parler du sentiment d’identité à l’étage de la réalité génétique.
    PS: Lorsqu’on demande un service, on ne se dispense d’une formule de politesse élémentaire du type, » s’il vous plaît » et « merci d’avance ».
    Bien à vous.

  41. Josh dit :

    Bonjour Madame MANON,

    mon professeur de philosophie m’a demandé de réaliser une dissertation sur ce sujet et j’ai trouvé votre exemple de plan. Cela m’aide beaucoup pour mon propre travail.
    J’aurais juste une question à vous soumettre: Pourriez-vous me dire, s’il vous plaît, s’il est possible et/ou exact de faire une accroche lors de l’introduction? Si c’est le cas, auriez-vous un exemple d’accroche possible?

    Merci par avance, en vous souhaitant une bonne journée.

  42. Simone MANON dit :

    Bonjour
    Comme le mot l’indique, une accroche peut être bien venue dans une introduction.
    Vous avez l’embarras du choix avec les slogans des marchands de sommeil qui prospèrent sur le marché de la recherche du bien-être.
    Ex: Devenez quelqu’un d’autre…
    Bien à vous.

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