extrait du  Colporteur, M.C. Arn et T.Tirabosco, Editions Delcourt, sept 1999LA GUERRE EST ELLE LE PIRE DES MAUX ?

Analyse du sujet à la loupe

(Les 4 premières illustrations sont tirées de l’album « le colporteur » de Marie-Christophe.Arn et Tom Tirabosco Editions Delcourt, sept1999.
e-mail: www.editions-delcourt.fr )

La guerre

Il faut d’abord strictement circonscrire le sujet. Il interroge la guerre et non pas n’importe quelle forme de révolte ou de défense armée. La guerre implique des peuples dressés les uns contre les autres, des Etats, toute une organisation collective avec son économie de guerre et sa propagande.

Le pire de maux ?

On nous demande implicitement de réfléchir à une échelle du mal et donc de comparer la gravité de différents types possibles de fléaux. La guerre est un fléau humain, elle est engendrée par les hommes ( à moins de croire que les guerres sont envoyées par Dieu pour punir une Nation.

Y a-t-il un sens, autre que métaphorique, à comparer le fléau qu’est la guerre à une inondation, un tremblement de terre ou toute autre catastrophe naturelle ? Ce n’est pas sûr… Voyez la pensée d’Alain à ce sujet.

En revanche on peut se demander s’il n’y a pas de pires maux pour l’homme que la guerre ? Imaginer la réponse que donneraient à cette question  des individus aussi différents que  De Gaulle, Trotski ou Hegel. La perte de la liberté et le déshonneur national, la misère du prolétariat, l’assoupissement de l’activité dans le ronronnement des habitudes sont, à chaque fois, pensés comme les pires des maux pour l’humanité. Et par-là même s’ouvre la brèche qui force à examiner s’il n’y aurait pas du « bon » dans la guerre, quelque chose de positif, voire d’irremplaçable. Aussi scandaleuse que cette pensée puisse paraître d’abord, elle a eu, de tout temps, ses défenseurs. Nous passerons en revue les différents arguments qui prétendent démontrer que la guerre, loin d’être un mal pour l’homme, est une condition de son développement  et l’instrument du progrès dans le monde. Et nous mettrons ces arguments en pièce pour mieux les rendre inoffensifs !

Exemple d’introduction:

Quel homme pourrait ne pas voir extrait du Colporteut, M.C. Arn et T. Tirabosco, Editions Delcourt, sept 1999dans le spectacle de la guerre avec son cortège de destructions et de cruautés une manifestation du mal absolu ? Pourtant en étudiant de près l’histoire des hommes et l’histoire des guerres, il semble que de grands progrès aient à chaque fois accompagné les reconstructions, n’y aurait-il pas un rôle positif de la guerre dans l’Histoire ? Quant à l’individu, les guerres n’offrent-elles pas aux plus valeureux l’occasion de gravir rapidement les places d’honneur alors qu’en temps de paix, la lourdeur des déterminismes sociaux écrase souvent le mérite individuel.

Plan du développement

1)°Dans une première partie nous passerons en revue les arguments les plus célèbres en faveur de la guerre. Nous verrons qu’ils s’organisent autour de notions à la fois politiques et morales. Ils célèbrent la grandeur et la vertu comme capacité de sacrifice de l’individu aux intérêts supérieurs de l’Etat (figure de l’Universel chez Hegel)

 Mais en défendant la guerre comme « tribunal de l’Histoire », la théorie hégélienne se détourne des vaincus et sombre dans l ’apologie du fait accompli.

2) La mémoire des cultures atrophiées par les génocides nous conduira à dénoncer toutes les mystifications des propagandes en faveur de la guerre  et tous les mécanismes sordides par lesquels elle est perpétrée.

3) La dernière partie du devoir évoquera les justifications stratégiques de la guerre comme moyen d’intervention  politique (voire moindre mal) nous reviendrons sur les thèses du Général Clausewitz. Mais nous recouvrirons surtout l’opposition radicale entre deux types d’hommes.

 extrait du colporteur, M.C. Arn et T. Tirabosco, édtions Delcourt, sept 1999

Exemple de développement intégralement rédigé.

Si tu veux valoriser la guerre comme un bien critique la paix

Tous les apologistes de la guerre s’attachent à exhiber les méfaits de la paix.  Kant lui-même au paragraphe 28 de la Critique de la  faculté de juger souligne « qu’une longue paix rend souverain le pur esprit mercantile en même temps que l’égoïsme vil, la lâcheté, et la mollesse, abaissant ainsi la manière de penser du peuple. »  En revanche,  lorsque la guerre est conduite « avec ordre et en respectant des droits civils », elle a « quelque chose de sublime en elle-même et elle rend d’autant plus sublime la forme de pensée du peuple qui la conduit ainsi, qu’il fut exposé à d’autant plus de périls en lesquels il a pu se maintenir courageusement 

La menace collective provoque un mouvement spontané « d’Union Sacrée », un sursaut national dans lequel les conflits de classes et les oppositions d’intérêt sont momentanément oubliés. Dans Ma vie, Trotski avoue que la déclaration de guerre à Vienne en1914 fut pour lui, l’un des plus beaux moments de l’Histoire du pays en ce que, dans cette mobilisation générale, les distinctions de classe étaient abolies. La mobilisation générale est l’expérience d’une fraternité agrandie à l’échelle de la Nation.

Chaque citoyen soldat est replongé dans les exigences de l’intérêt général. L’Etat, la figure de l’Universel chez Hegel, n’est plus pensé comme un moyen  au service de l’intérêt particulier, chaque particulier ressent instinctivement qu’il n’y a de survie que par et dans l’Etat. La guerre est donc le moment où chaque particulier ressent comme essentiel son appartenance à l’ Universel. Et c’est en ce sens que le sacrifice de l’individu est à la fois orchestré et anobli.

Charles de Gaulle dans la France et son armée prête à la structure militaire la capacité de transformer le lâche en courageux et le mesquin en généreux. Les armées en guerre auraient le pouvoir quasi alchimique de transformer d’anonymes soldats en héros «  les armées ont cette vertu d’ennoblir jusqu’aux moins purs ».

Extrait du Colporteur, M.C. Arn et T. Tirabosco, éditions Delcourt, sept 1999Et les temps de guerre présentent, en plus, l’avantage que l’Histoire est en mouvement, ; elle se fait au présent, elle sourit aux audacieux : des places glorieuses sont à prendre, et la valeur de l’individu est plus aisément reconnaissable par ces temps d’instabilité. Par contraste les temps de paix sont des moments où l’Histoire paraît figée. Les cartes du jeu social semblent déjà distribuées par l’inertie des privilèges octroyés de longue date. Les temps de paix voient triompher les mieux parrainé.

La guerre est l’épreuve de la vertu ;  ce qui paraît vrai pour l’individu, semble se vérifier aussi pour les peuples, du moins si on adopte la vision hégélienne de l’Histoire.  Le peuple vaincu manifeste, par sa défaite, qu’il n’était plus que l’ombre de lui-même, il n’apportait plus rien de nouveau ni de riche sur la scène du monde ; son esprit en déclin peut donc, sans perte, aux yeux de Hegel, être absorbé par un principe plus puissant, l’esprit du peuple qui triomphe actuellement.

La guerre prend chez Hegel les allures archaïques d’une « ordalie », la victoire ou la défaite revêt le sens d’un jugement  de Dieu ou  encore de l’Histoire. Hegel parle expressément de tribunal de L’histoire,  l’issue de la guerre décidant du verdict.

Hitler sauveur de la patrie (1934)

La dénonciation des mystifications guerrières.

Les génocides sont des maux que rien ne peut rationnellement justifier

L’optimisme hégélien a fait long feu : les génocides, arménien, juif et tzigane sont déplorés comme un mal irréparable et gratuit qu’aucun aspect positif ne peut justifier. Les deux guerres mondiales puis, avec la constitution des  deux blocs, la multiplication des guerres locales ont ruiné toute croyance en une rationalité qui mènerait infailliblement la marche de l’Histoire et donnerait un sens positif au fléau de la guerre.

 Contrairement au schéma hégélien, la guerre est loin d’accélérer l’avènement de la démocratie comme fin de l’Histoire. On a vu que les guerres étaient souvent déclenchées contre des Démocraties, par des régimes dictatoriaux ou des démocraties malades qui trouvaient dans cette fuite en avant un moyen de justification des restrictions et de la discipline de fer dans laquelle le peuple était tenu. Le mal appelle le mal. Dictature et totalitarisme sont fauteurs de guerres.

La diabolisation de l’ennemi fonctionnant comme dérivatif des maux quotidiens, le combat devient frauduleusement la solution de tous les maux

La diabolisation de l’ennemi est une fraude intellectuelle aussi vieille que la politique de guerre. En état de guerre cette diabolisation fait diversion et permet d’occulter les conflits internes et les causes réelles de mécontentement à l’intérieur d’un pays : dans le chapitre II de Mars ou la guerre jugée Alain revient sur cette manipulation psychologique :« les alliés sont déchargés des aigreurs quotidiennes parce que l’ennemi répond de tout »[… ] « toute mauvaise humeur, toute colère trouve là ses raisons et aussi ses remèdes » Cette haine collective est donc aimée. Et l’un des pires maux de la guerre réside déjà dans cet abrutissement intellectuel qui dresse les communautés les unes contre les autres. Chacun haït celui qui est pointé comme ennemi en oubliant tout ce en quoi il est notre semblable -victime lui aussi d’une manipulation meurtrière.

Alsace chérie, Georges Scott,  8 août 1914 , revue L'IllustrationLe mal de la guerre commence d’ailleurs avec cette mystification qui parle d’honneur, de devoir, et de héros alors qu’il ne s’agit que de meurtre et de meurtre forcé. Celui qui s’y refuse est poussé par la gendarmerie.  Le mal de la guerre se camoufle sous la pompe  et les euphémismes : « les soldats font leur métier ». Ce mensonge éhonté devient insupportable à celui qui comprend qu’il entretient l’esprit de guerre. « Ils te diront Mon ami tu as été un héros admirable ! »  J’veux pas qu’on me dise ça[…] on a été des bourreaux, on a fait honnêtement le métier de bourreaux. » Cet aveu  de la boucherie qu’est la guerre est la revendication principale des « bonhommes » que Henry Barbusse met en scène dans son Journal d’une escouade : Le feu

 

La levée de l’interdit sur le meurtre

La guerre est la levée de l’interdit sur le meurtre en ce qui concerne tous ceux que le hasard a placés du mauvais coté de la frontière. Pascal  s’étonnait déjà de cet arbitraire. Avant lui, Erasme dénonçait l’ineptie des partis pris belliqueux : « la guerre est toujours juste à celui qui la fait ». Ce sont ces sophismes qui alimentent la guerre. « C’est la guerre qu’il faut tuer ! » tel est le mot d’ordre de tous les pacifistes. La guerre est l’incarnation du mal ; elle est aussi maligne que celui que le Moyen âge appelait le Malin.

Quant à l’héroïsme et la vertu que la guerre est sensée galvaniser, une attention scrupuleuse à la célèbre phrase de Kant  montre un cercle : la guerre ne magnifie le courage que de ceux qui en ont déjà.

La guerre ne crée pas ex nihilo la vertu. Elle révèle et accentue des tempéraments et des natures individuelles. Elle fonctionne comme un simple révélateur ; elle fait ressortir dans les hommes le pire et le meilleur. Mais quand elle révèle le traître, c’est aux dépens de celui qui est trahi. Il y a  beaucoup plus à perdre qu’à gagner dans cette « épreuve de transparence ». La peur de la mort  comme le désordre ambiant attise les pires défauts, alors que dans les temps ordinaires (ceux que Bataille appelle les temps profanes) les hommes sont rendus plus inoffensifs.

Le tank, première apparition, revue l'illustration , 2 décembre 1916N’y a-t-il pas d’ailleurs un anachronisme à employer les termes d’héroïsme et de vertu  alors que la guerre motorisée n’a plus rien de commun avec les codes de combats  entre chevaliers.

Le soldat de troupe des guerres technologiques est devenu une machine à recevoir des coups portés de loin par un adversaire dont il ne sent que les engins. Le soldat de troupe comprend que sa valeur personnelle ne changera pas son sort. Sa mort est programmée, elle est même statistiquement anticipée. Un radio de campagne ne suivra que quelques minutes…. Perdu dans l’enfer des explosions, le soldat sent qu’il ne doit sa survie qu’au hasard.

Ce sont donc les temps de paix et non pas les temps de guerres qui sont les plus propices au développement et à la reconnaissance de la valeur personnelle (Pour le reste, les avantages du parrainage sont de tous les temps).

La culture militaire du mépris

Les mutineries de la Grande Guerre dénoncent le mépris des hommes de troupe par les gradés et l’exploitation belliqueuse des frustrations. Le soldat est prisonnier d’une mécanique de soumission et d’humiliation qui le conduit fatalement au sacrifice. Alain qui a lui-même connu le front comme téléphoniste d’artillerie, montre comment les officiers forgent et décuplent la soif de vengeance des hommes de troupe par une culture systématique du mépris.

Il n’y a rien de bon dans la guerre sauf pour les natures guerrières

Rédition d'Ulm 25 novembre 1805, par Charles Thévenin. La guerre, un moyen de négociation parmi d’autres ?

La guerre pour le Général prussien  Karl von Clausewitz est la continuation de la politique par d’autres moyens. C’est une arme de négociation parmi d’autres. Ne perdant pas de vue que la guerre n’est pas une fin en soi, le général recommande de mener la guerre en gardant à l’esprit qu’il faut rendre la paix possible : cela exclut d’avilir ou de supprimer les chefs vaincus avec lesquels on veut signer la paix. L’analyse de la guerre par Clausewitz s’inscrit dans une idéologie de conquête ( d’où sa valorisation de la guerre -éclair) mais le vainqueur de Napoléon à Waterloo a aussi compris que l’essence de la guerre est la défensive car dès que la guerre s’enlise, il y a plus d’énergie dans la défensive que dans l’attaque puisqu’il y a toujours plus de raisons à défendre son pays qu’à en envahir un autre.

 Nous allons donc envisager la guerre du point de vue de l’attaqué, puisque c’est précisément avec la riposte que la guerre commence (avant, il n’y a qu’une annexion armée).

  Quand l’alternative est la riposte ou la mort…

La prise des armes inclut la violence et le meurtre : est-ce  pire que de voir les nôtres anéantis sous nos yeux… Quand l’adversaire ne vise rien d’autre que l’extermination, la riposte armée est justifiée et juste. Dira-t-on qu’elle est bonne ? Non : un moindre mal est toujours un mal. Le mal est déjà d’avoir laissé se développer les idéologies de haine et de discrimination.

Le parti qui décide de mener une politique de génocide n’utilise plus la guerre comme un moyen de « négocier » ; la guerre se veut anéantissement d’un pan de l’humanité que l’autre considère comme mauvais ( sous homme, vermine, gangrène menaçant par son influence et ses métissages la souche « pure et saine » qui représenterait le meilleur de l’humanité).  On l’a déjà évoqué dans la première partie, la guerre est inséparable d’une idéologie qui diabolise l’ennemi.

La Bataille du Mississipi, 7 avril 1862, lithographie Currier et IvesLa guerre est-elle facteur de progrès technique ?

 Toutefois, en ce qui concerne le progrès et l’histoire des techniques,  ne dira-t-on pas froidement que la guerre, par ses destructions, a du moins l’avantage de relancer l’économie de construction, de même que la mise en place d’une économie de guerre  « dope » la recherche.

Alain demande de juger la guerre à l’aune de ce qui aurait pu être si toute cette énergie n’avait pas été employée à détruire mais à construire.  Tel est le sens des propos cités par son ami André Bridoux en introduction de Mars ou la guerre jugée.

 « Avec toutes ces journées de travail, que n’aurions-nous pas fait ? Des parcs autour de nos écoles, des hôpitaux comme des châteaux. C’était l’air pur, le lait crémeux, la poule au pot pour tout le monde. »

La guerre, le pire moyen de trancher un conflit d’intérêt

La guerre ne règle aucun problème de fond. Par elle-même elle ne fait pas positivement avancer l’Histoire ; souvent elle déplace les problèmes et toujours elle aggrave la situation globale. Son seul (et terrible) avantage serait de rendre finalement  les dirigeants plus conciliants : quand le peuple et les soldats sont exsangues, il faut bien accepter un règlement pacifique du conflit.

Alain précise qu’il fallait que les passions belliqueuses aient aveuglé les négociateurs pour qu’ils n’aient pas vu un compromis acceptable et aient préféré parier sur le jeu de la guerre qui implique toujours des deux cotés, morts et désolations. La reprise des échanges prouve qu’il n’y a jamais historiquement « d’intérêts irréductiblement contraires » ; les intérêts quand ils sont seuls à parler transigent toujours . Il y a plus à gagner à construire qu’à détruire.

 N’y a -t-il pas des « guerres propres » ?

 Image extraite du documentaire Warriors de l'Anglais Peter KosminskyQuant à l’idée qu’on peut enclencher le processus de guerre tout en préservant les droits civils et se servir de la guerre comme une action de police internationale, c’est une utopie, ou pire une mystification qui a fait long feu avec la dénonciation de son avatar moderne « la guerre propre». La guerre a toujours des débordements sanglants. Présenter la guerre comme un moindre mal  (voire un moyen en vue d’un mieux), et dire que la guerre a « du bon », c’est dire que la possibilité de la mort violente a du bon puisque la guerre est la levée temporaire de l’interdit sur le meurtre. Les hommes qui restent à l’arrière, poussant rarement la première idée jusqu’à son ultime conséquence, soutiennent la guerre sans la payer de leur sang.

La guerre n’est bonne qu’à rappeler aux combattants les plaisirs de la vie

Finalement pour une sensibilité ordinaire, rien n’est bon dans la guerre hormis le plaisir de se sentir encore vivant. Tous les écrits des combattants reviennent sur les joies simples et élémentaires qu’on oublie loin du front. « manger, dormir, sentir un peu de soleil sur notre peau » . Ce sont tous les plaisirs vitaux qui deviennent plus évidents avec le risque permanent de la mort. Ce qu’il y a de bon dans la guerre ne revient  donc pas à la guerre mais à la vie. C’est le sens de la remarque de l’ordonnance Pannechon dans Nuits de guerre  de Maurice Genevoix « Y a de tout dans la guerre. Y a du bon et y a du mauvais. Y a surtout du mauvais mais y a des fois du bon. Seulement. […]l’mauvais à la guerre c’est du mauvais de première qualité, terrible j’veux dire[…]  quand on a eu mal jusqu’à descendre jusqu’au fond de son courage, il suffit d’une petite miette de joie pour nous redonner le goût à la vie ».

monument d'Auchel (Pas-de-Calais) Ce qu’il y a  à la fois de merveilleux et de terrible dans la guerre, c’est qu’elle fait ressentir comme le summum du bonheur le simple fait d‘être vivant et de partager les joies élémentaires des vivants. La guerre, comme  toutes les catastrophes naturelles,  rappelle la valeur de la vie. Mais comme le dit un des personnages d’un autre roman de guerre le Feu d’Henry Barbusse : «  Aimer la guerre pour cette raison serait tout aussi absurde que d’aimer  les inondations ou les incendies ».

C’est du moins l’avis de tous ceux qui, à la guerre, prirent la plume ou le pinceau. Dans Le capitaine Conan, Le réalisateur Bertrand Tavernier s’est intéressé à une autre « race » de soldats, sans doute les seuls hommes pour lesquels il y ait un sens à dire que la guerre est bonne.

L’histoire du capitaine Conan :
« Il y a ceux qui font la guerre et ceux qui la gagnent »

Dans Le Capitaine Conan  B. Tavernier révèle que chaque armée a ses troupes de « nettoyeurs » : chaque clan dispose de troupes de choc composées de « têtes brûlées », des hommes à la fois fiers et sanguinaires qui taillent des brèches à l’arme blanche et pour qui tous les moyens sont bons. Ces troupes de choc sont composées d’individus sélectionnés sur des critères qui ne sont pas ceux du soldat de base.

 film de B. Tavernier, 1996Il y a le grand nombre qui marche au pas et charge en ordre. A coté de toutes ces troupes rangées en damiers qui «  font la guerre », il y a « ceux qui la gagnent !»

Quand ils ont survécu, le retour à la vie civile anéantit ces fauves qui n’épanouissaient leur nature que dans la violence et le risque de la mort. C’est l’histoire du Capitaine Conan.

 

En guise de conclusion :

La guerre est-elle le pire des maux ? Tout dépend pour qui ! Les bonhommes de la Grande Guerre dénonçaient déjà le luxe et le commerce florissant de l’arrière.

La déconstruction des arguments en faveur des bénéfices moraux et technologiques des temps de guerres a toutefois laissé ouvert un véritable problème de valeur car pour les natures guerrières la guerre est bonne, c’est la paix qui est le pire des maux !