Note: 15/20
Remarques du professeur:
-Le plan est trop decousu
-Les implications politiques du logos ont été laissés de côté
-Vous avez privilégié les enjeux psychologique mais avec quel brio!
Bonne entrée en matière, image forte et un peu ironique
Ce qui est à la mode aujourd¹hui, c¹est la communication.
Nous communiquons par internet, nos chefs d¹Etat font des communiqués à la presse
et la communication elle-même est devenue un métier. En effet, nous ne faisons
plus de la publicité mais de la ³com² et dans les entreprises, des postes ont
été créés comme celui de chargé de communication, interne ou externe.
Nous consommons un haut débit de mots fournis par la voie de la télévision,
de la radio ; par des débats, des discussions professionnelles ou entre amis,
des confessions, des déclarations ; ou simplement par la voie du parler pour
parler, s¹entendre articuler des mots, des phrases. Nous parlons sans arrêt
et si ce n¹est en proférant des paroles, c¹est en nous parlant à nous
même, nous pensons, avec des mots, peut être même sans. Il y en a même qui parlent
en dormant. Alors peut-on oser se demander pourquoi nous parlons? Nous usons
sans cesse du langage et nous allons cette fois encore répondre de ce langage
en discutant avec des proches de cette question. Pourquoi en sommes nous dépendant?
De quelle source naît cette nécessité? Et jusqu¹où peut aller l¹expression de
nos pensées? oui, faut-il tout dire?
C¹est à l¹aide de la philosophie mais aussi de la linguistique et de
la psychanalyse que je vais tenter d¹expliquer l¹importance de l¹origine du
langage et ses implications dans la construction de la psyché humaine et les
limites du langage parlé qui laisse place à la singularité de la pensée. ab
oui, mais l'inconscient échappe à la maîtrise de la
pensée consciente. Penser <=>parler
D¹après la psychanalyse, la parole prendrait sens à partir
du moment où nous devenons capable de nommer ce qui est absent. Car en cet acte,
nous entrons dans le champs de la représentation. C¹est ce qui différencie l¹être
humain de l¹animal. Certain croit que l¹on peut apprendre aux animaux à parler,
notamment aux perroquets. Mais, ³il semble - dit Géraud de Cordemoy - que parler
n¹est pas répéter les mêmes paroles dont on a eu l¹oreille frappée mais que
c¹est en proférer d¹autres à propos de celles-là².
Les psychanalystes ont observé chez le jeune enfant que souvent, la première
personne qu¹il appelle par son nom est non sa mère mais son père. En effet,
l¹enfant n¹éprouve pas le besoin de nommer sa mère car il se sent encore assuré
de sa présence en permanence.
Freud a étudié le comportement de son petit fils de dix-huit mois dans le jeu
de la bobine, appelé le jeu du ³fort!da!². L¹enfant s¹amusait à lancer une bobine
en disant <<fort !>>, mot allemand signifiant ³au loin², et à la
ramener vers lui en disant <<da !>> qui veut dire ³ici². Freud en
a conclu que l¹enfant essayait de se rassurer en observant l¹objet, son jouet,
partir, puis revenir. Car, d¹après le linguiste français Emile Benveniste dans
Problèmes de linguistique générale,³ l¹acquisition du langage est une expérience
que va de pair chez l¹enfant avec la formation du symbole et la construction
de l¹objet². C¹est ainsi qu¹il apaise sa détresse en se représentant sa
mère, qu¹il nommera alors, sachant qu¹elle reviendra à lui. Avant, cette absence
troublante se manifestait par des cris et des peurs qui se canalisent peu à
peu par la mise en oeuvre de la capacité à pensée, avec comme support l¹élaboration
par le langage. L¹autiste est justement celui qui n¹accepte pas l¹absence et
qui se refuse à la représentation.
intéressant
Le langage canalise instinct, passion et pulsion. La parole surtout, qui est, à travers la verbalisation, maîtrise
du corps L¹animal s¹oppose ici une fois de plus à l¹être humain. En effet,
l¹animal s¹il a peur, cherchera instinctivement à s¹enfuir ou à se défendre.
Il ne pourra y réfléchir d¹avantage, il ne pourra que réagir. Il ne pourra débattre
de la situation et adoucir ses réactions en en discutant avec ses semblables.
La mise en mot d¹un ressentit, d¹une émotion ou d¹un besoin, l¹exteriorisation
de ses pensées, permet de prendre de la distance par rapport à la force d¹une
passion violente. Le fait de dire << j¹ai envie de te tuer>> permet
souvent d¹apaiser cette impulsion et de n¹en rien faire. Le langage est ainsi
un moyen de se protéger. Là réside d¹ailleurs le travail des psychothérapeutes
qui savent entendre la violence cachée ou refoulée de leur patient et peuvent
les aider à s¹en libérer et parfois même à empêcher un acte irréversible.
C¹est parce que le langage permet de canaliser les pulsions
que l¹on peut s¹inscrire dans la société. D¹ailleurs, pour Rousseau, le besoin
de parler naît avec la société dont la famille serait la première institution
sociale. En s¹opposant à Condillac qui explique l¹invention des langues par
le besoin de communiquer, Rousseau affirme qu¹à l¹état de nature, l¹homme est
un être solitaire qui n¹éprouve nullement le besoin de communiquer. Alors le
langage ne serait pas inhérent à l¹être humain? Benveniste répond que non. ³Langue
et société ne se conçoivent pas l¹une sans l¹autre. L¹une et l¹autre sont données.
Mais aussi l¹une est l¹autre sont apprises par l¹être humain, qui n¹en possède
pas la connaissance innées². D¹après lui, l¹enfant suit un apprentissage
au travers des adultes et de la société qui l¹entourent. C¹est cette société
spécifique et son code de langage qui forgeront son esprit. Car toutes les langues
ne sont pas régies par les mêmes nécessités. Il existe une grande diversité
culturelle et linguistique et ³chaque langue, chaque culture, dit encore Benveniste,
met en oeuvre un appareil spécifique de symboles en lequel s¹identifie chaque
société². Alors quelle richesse de perceptions peut être doté un enfant qui
a grandi dans plusieurs langues!
-le langage naît aussi avec les sentiments
-les rapports maître-élève passent pas la parole vivante
Au Japon, la codification de la relation à l¹autre n¹est pas instituée
pour dire, mais pour signifier un message qui sera compris bien au delà de ce
qui a été dit. En France au contraire, la première préoccupation de ³l¹émetteur²
est que le ³récepteur² comprenne le message le plus fidèlement à ce qui a voulu
être signifié. Le désir le plus profond de la romancière Marguerite Duras était
de trouver le mot et la formulation la plus juste et la plus fidèle à sa représentation.
C¹est ce qui définit plus ou moins la ³parole parlante² de Merleau-Ponty qui
exprime l¹intention significative. C¹est l¹énonciation de celui qui parle et
qui dit. La ³parole parlée² par contre, c¹est le mot en lui même, la phrase
et sa grammaire, sa syntaxe et son style. C¹est ce qu¹on acquiert avec l¹apprentissage.
C¹est ce qu¹on peut développer par l¹étude. Mais c¹est aussi ce qui demande
l¹effort.
cf aussi Beckett (" pour une oui... pour un non...)
Car le mot est un effort. L¹articuler est un effort. Le penser
est un effort. b Car le mot n¹est pas inné, mais
acquis et pour développer cet acquis, il faut s¹efforcer à apprendre. L¹effort
crée la limite. Et dans l¹effort, on peut aller plus loin que la limite. En
sport, elle est constamment surpassée car le but d¹un sportif est de dépasser
ses propres limites en développant sans cesse ses capacités, et de dépasser
celles des autres pour devenir le meilleur. mieux marquer la présence du corps dans la prise de parole Et à chaque
exploit, une nouvelle limite à vaincre qui s¹impose comme un obstacle. Dans
la relation à l¹autre, l¹entente et le dialogue sont très importants. On ressent
même le besoin de se faire soi-même comprendre par l¹autre et c¹est ainsi qu¹on
peut vaincre ses propres peurs. Grâce à cet effort, on peut traverser les obstacles.
Sans cet effort, aucun dialogue n¹est possible et c¹est comme parler à un mur
et se buter à la solitude.
Parfois, on se contente en silence de laisser aller nos pensées. Mais sommes
nous, là encore, dans une constante formulation de mots et de phrases? Il existe,
semble-t-il, des ³paroles mentales², c¹est-à-dire des paroles qui ne sont conçues
pour être entendu par une oreille externe, "un dialogue intérieur et silencieux
de l'âme avec elle même" (Platon, Sophiste, 263) qui n¹appartient à aucune
langue, dit Augustin dans le livre XV de La Trinité, car il se tient seulement
dans l¹esprit. Il n¹a besoin d¹être compris par personne d¹autre que par soi-même.
Ces paroles donneraient ainsi la possibilité d¹aller plus loin dans les images
non formulées et de dépasser toutes limites vers l¹imagination individuelle
et personnelle. oui Cependant, le philosophe
allemand Hegel dit que nous ne pouvons penser que par les mots et que ce sont
les mots qui permettent à la conscience d¹accéder à la pensée. Il ne croit pas
à ce ³quelque chose², cet ineffable, l¹inexprimable par les mots dû à un ³trop².
Il le définit comme ³la pensée obscure, la pensée à l¹état de fermentation,
et qui ne devient claire que lorsqu¹elle trouve mot². (Philosophie de l¹esprit)
Pourtant il est certain qu¹il existe des limites à l¹exprimable.
Le langage existe avec des limites qui lui sont inhérentes car le langage ne
peut représenter que ce qui est représentable. Selon Bergson, le mot ne peut
exprimer que l¹aspect le plus commun de nos émotions. ³Nous ne saisissons de
nos sentiments que leur aspect impersonnel, celui que le langage a pu noter
une fois pour toutes parce qu¹il est à peu près le même, dans les mêmes conditions,
pour tous les hommes². Les émotions jusqu¹à l¹extrème comme l¹horreur, au delà
de l¹imaginable, rendent le langage pauvre et impuissant à représenter l¹innommable
comme ce que fut la Shoa. Tenter de dire en mot ce qu¹on ressent comme inexprimable
c¹est aussi quelque part trahir ce ressenti. L¹autiste est justement englué
à son ressenti. Il refuse de s¹en détacher. Il ne peut pas se distancier de
l¹idée de séparation, d¹absence et de perte car il s¹y refuse. Il a peur de
perdre quelque chose par le langage. a-t-il conscience d'avoir peur? Et il a quelque part
raison car comme nous l¹avons dit plus haut, la parole permet de se libérer
d¹un poids, alors pourquoi ne nous enlèverait-elle pas la joie? Après avoir
attendu si longtemps de déclarer sa flamme à son ami(e), le fait de l¹avoir
dit laisse quelque fois coi, comme si toute la tension amoureuse s¹était évanouie
dans les mots. Le silence serait alors parfois plus rassurant et en dirait même
peut être plus long sur nos sentiments. Le silence est d¹ailleurs très important
pour les psychothérapeutes. Il est parfois plus révélateur qu¹une parole.
Il y a des gens qui au contraire parlent tout le temps. la logorrhée est parfois le signe d'une détresse = parle dans une flot continuel
de paroles celui qui sait qu'on ne l'écoutera jamais et qui n'a jamais été écouté
Qui parlent pour parler, parlent sans rien dire, juste pour parler ou
pour tout dire. Cela cacherait peut être une peur du silence, un rappel du néant.
Le bombardage médiatique use de cet abus du tout dire. Il n¹est que remplissage
pour combler les vides. Mais il y a un décalage entre le mot et son sens. Le
mot, signifiant, ne peut représenter que le signifié, la représentation du sens.
Mais il ne peut pas tout dire.
L¹origine du langage est, dit-on, confondue avec l¹origine
même de l¹Homme. Cet homme est, nous l¹avons vu, caractérisé par sa capacité
à symboliser chaque chose et de développer des idées autours de ces sujets.
C¹est ce qui fait qu¹il nomme les choses et les êtres et c¹est ce qui fait qu¹il
parle. De plus, c¹est la culture et la langue dans lesquelles il a appris à
articuler les signifiés par leurs signifiants qui influenceront, au plus profond
de lui, sa pensée et la singularité de son expression.
Mais sa capacité à s¹exprimer présente des limites car les émotions et les peurs
ressenties deviennent impersonnelles et perdent de leur force et de leur valeur
dès qu¹elles sont verbalisées.
L¹expression artistique ne serait-elle pas alors la clef qui permettrait de
dépasser toute les limites et d¹aller plus loin que la parole, en émouvant plus
que le mot en est capable?
point important à approfondir
Pour toute remarque ou commentaire, vous pouvez écrire
à Anaïs,
élève de terminale S