L´homme se définit par sa raison, sa liberté, sa responsabilité,
sa capacité de distinguer le bien et le mal. Aussi naît-il, grandit,
fait son pèlerinage sur terre et meurt. Et cette durée s´écoulant
de la naissance à la mort constitue sa vie. Cette dernière englobe
également l´activité de l´homme ainsi que l´espace
dans lequel il vit. Ainsi dit, la vie de l´homme sera marquée par
ses expériences entre autres l´expérience du travail, l´expérience
de l´amour, l´expérience spirituelle... Mais alors l´homme
dispose-t-il de sa vie comme il l´entend ? Peut-il décider de son
existence librement ? De cette vie, peut-il en user comme il l´entend
? Peut-il s´en approprier au point d´en faire ce qu´il veut
? Autrement dit, jusqu´où va la liberté de l´homme
dans la disposition de sa vie et quelles en sont ses limites ?
Telles sont les questions qui feront l´objet de notre réflexion.
L´homme est une créature. Comme tel, il bénéficie
de la part de son créateur d´une certaine liberté. Ainsi
dit il devient responsable. Responsable de ses actes, responsable de sa vie.
Il a la possibilité de choisir entre le bien et le mal. Et c´est
ce qui le conduira à vouloir maîtriser le monde dans lequel il
vit. Il cherchera désormais à saisir sa vie, à s´en
approprier. Il va même vouloir construire le cosmos et faire l´homme
c´est-à-dire créer la vie. Mais alors, dispose-t-il de cette
vie comme il l´entend ? Autrement dit, pouvons-nous affirmer que sa vie
lui appartient ?
L´homme semble disposer de sa vie comme il l´entend. La vie semble
lui appartenir. En effet aujourd´hui avec la science et la technique,
l´homme maîtrise presque tout. Que ne connaissons-nous pas avec
la science ? Ou que ne faisons-nous pas avec la technique? Tout semble avoir
la solution avec la science et la technique.
Ainsi assiste-t-on dans le domaine de la physique par exemple à une évolution
vertigineuse. L´on arrive désormais à la découverte
des relations constantes entre des phénomènes : deux corps exercent
l'un sur l'autre une attraction qui est fonction de leur masse respective :
plus un corps est massif, plus sa force d'attraction est grande. C'est ce qui
explique la gravité, c'est-à-dire le fait de peser. Si on connaît
l'état du système solaire à un moment donné, on
peut prévoir une éclipse grâce aux lois de la physique qui
s'appliquent aux mouvements des astres. Si on connaît les rapports qui
existent entre la masse d'un corps et l'énergie qu'il peut dégager,
rapports mis en évidence par Einstein, on peut prévoir selon quelle
quantité de chaleur dégagera une désintégration
nucléaire. La science permet donc à l´homme de connaître.
Et puisque l'on peut prévoir des événements à partir
de la connaissance des rapports qu'ils ont avec d'autres, si on peut créer,
produire ou reproduire les conditions qui en sont à l'origine, on peut
alors concevoir une technique qui produira tel effet déterminé.
Par exemple, lorsqu'on connaît les rapports entre masse d'un corps et
énergie, on peut concevoir ou bien des bombes atomiques ou bien des centrales
nucléaires. On provoque alors des désintégrations nucléaires
en chaîne d'atomes radioactifs instables, soit de manière massive
pour les bombes, soit de manière contrôlée pour les centrales.
La technique (têchnè), une technique de pointe, permet à
l´homme donc de tout faire. L´homme essaye ainsi d´inventer
son propre chemin. D´organiser sa vie en créant tout. Dans cette
perspective Jean-Paul Sartres dira dans les mouches, Gallimard 144, page 235
: « ...chaque homme doit inventer son chemin... »
En plus sur le plan de la médecine, la vie de l´homme est manipulée
comme un objet. C´est pourquoi on ne cesse de voir comment la médecine
procède à une fabrication de l´homme par le clonage. La
médecine fabrique des produits qui contribuent à la destruction
de la vie.
Raison pour laquelle on assiste à des avortements, des tueries de toutes
sortes... Cela constitue des crimes et des maux de la société
actuelle. De nombreux crimes sont donc commis. Tuer l´être devient
un fait très courant pour l´homme.
Du point de vue de la sexualité, c´est le comble. L´homme
aujourd´hui utilise son corps en vue d´une rénumération,
c´est la vraie vente du corps, du sexe...
La vie des enfants est menacée. Ici, c´est la pédophilie
avec les enfants et autres tandis que là, c´est l´homosexualité...
La société tend vers la dérive et l´on fait perdre
à la vie sa valeur. L´homme fait donc de la vie ce qu´il
veut. Il la prend comme il l´entend et fait tout à son entendement.
Avec tout ceci on peut prétendre dire que l´homme dispose de sa
vie comme il l´entend. Ainsi dit l´homme semble donc avoir une liberté
face à sa vie.
Cependant cette disposition de la vie par l´homme n´est qu´une
illusion.
Dire que l´homme est libre peut se prendre dans un sens très relatif.
Libre, oui, mais par rapport à quoi ? Par rapport à la société,
par rapport à son passé, par rapport à son milieu, son
être? C´est une manière assez négative de penser la
liberté. D´un point de vue positif, en quoi consiste la liberté
de l´homme ? Est-ce que la conscience est en elle-même libre absolument
?
Si c´était le cas il faudrait comprendre comment l´individualité
trouve sa place dans un univers dont la science mécaniste nous montre
qu´il est entièrement déterminé. Les nuages ne se
déplacent pas « librement » dans le ciel. Ils vont et viennent
conformément à des courants. Les animaux ne se comportent pas
« librement » dans la nature. Ils suivent la loi de la nature que
leur commande leur instinct.
Dans cette logique d´idée, l´homme ne dispose pas de sa vie
comme il l´entend. Il existe donc des normes de la vie. La liberté
de l´homme n´est qu´une illusion. L´homme ne fait que
servir des desseins qui le dépassent. On évoquera alors l´idée
du déterminisme...La volonté est toujours déterminée
par une puissance qui la dépasse, une sorte de fatalité. Cette
puissance, Schopenhauer l´appelle le « vouloir vivre ».
Si l´homme se bat, si l´homme endure les pires maux, si l´homme
continue de vivre malgré la souffrance, le désespoir, c´est
parce qu´il est déterminé par cette sorte d´instinct
qui utilise les individus afin que l´espèce puisse se perpétuer.
Nul ne décide de son existence pas plus qu´il ne décide
d´aimer telle personne plutôt qu´une autre, de se battre pour
atteindre tel objectif, qu´il s´agisse de la richesse, de la gloire,
du pouvoir. C´est donc dans ces méandres d´idée que
nous disons que l´homme ne dispose pas de sa vie comme il l´entend.
Sans donc qu´il ne le sache, ses désirs, ses actions ne servent
que pour le maintien et le progrès de l´espèce.
L´homme a-t-il le droit d´user entièrement de sa vie comme
il l´entend, comme il le veut ? Autrement dit, a-t-il le droit de porter
atteinte à la vie ? Certes non. La vie elle-même est un don d´un
Etre Suprême et nul n´a le droit de l´« éteindre
», c´est-à-dire d´éteindre la vie. Tout ceci
nous permet donc d´affirmer que l´homme ne dispose pas de sa vie
comme il l´entend.
Toutefois, disposer de sa vie est une chose et gérer sa vie en est une
autre. L´homme a le plein droit de gérer sa vie. Gérer sa
vie en tenant compte des normes de la nature et de la société.
De ce fait, il entre pleinement dans le projet de son créateur qui lui
offre gratuitement la liberté vis-à-vis de sa vie. Le créateur
seul peut disposer de la vie de l´homme. La vie de l´homme appartient
donc à un Etre suprême et nul n´a le droit d´en faire
une quelconque propriété. Si l´on peut dire qu´il
semble vrai que l´homme reste entièrement libre et responsable
de ses choix, il est tout aussi vrai qu´il est déterminé
à être ce qu´il doit être, à faire ce que d´obscures
raisons le poussent à faire.
Il peut se dire aussi que nous pouvons aller contre notre nature, contre nos
aspirations...et rendre notre existence malheureuse.
Décider de sa propre existence, disposer de sa vie, c´est d´abord
et avant tout se connaître soi-même, savoir ce dont on a besoin,
ce qui par nature, fait de nous un être singulier dont la seule liberté
est d´accepter et nous réaliser sans prendre une décision.
Etre libre de décider de son existence, de disposer de sa vie, c´est
pouvoir être libre de réaliser ce que la vie nous détermine
à être...
La vraie liberté, c´est pouvoir toute chose sur soi selon Montaigne.
Somme toute, l´homme a eu, a et aura toujours le choix entre le bien et le mal car le créateur laisse la liberté à sa créature de gérer sa vie. Mais disposer de sa vie comme on l´entend suppose un certain nombre d´exigences face à la vie elle-même, face à la dignité humaine. Ainsi dit, dès que l´homme agit vis à vis de sa vie, il devrait être sensé ne pas user de cette vie comme il l´entend mais tendre à en garder la valeur et la délicatesse car c´est un don précieux. Disposer de sa vie comme on l´entend suppose la complexité de la liberté humaine. Autrement dit, il est question de tenir compte des limites de la liberté humaine. Et donc disposer de la vie comme on l´entend doit prendre en considération les limites de cette liberté humaine vis à vis de la vie. D´où la nécessité de saisir à chaque fois les contours de la liberté avant d´agir. N´est-ce pas la raison pour laquelle on parle très souvent de la Morale et de l´Ethique ?
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