« La valeur d’une civilisation se reconnaît-elle au développement de sa technique ? » (TS).

Posté par chevet le 17 novembre 2008

Introduction:

La notion même de civilisation peut se définir en s’opposant à celle de barbarie ou de sauvagerie : c’est parce qu’une société témoigne d’un certain progrès matériel et humain qu’elle peut être considérée comme plus civilisée que d’autres, notamment parce que ses mœurs sont plus pacifiées, parce que le droit démocratique y est instauré, parce la science et la technologie y sont plus avancées. Ainsi existerait-t-il des sociétés plus décentes à l’égard des plus faibles, plus humaines, plus justes et plus libres, moins humiliantes, plus «  modernes  » en somme, en comparaison d’autres cultures moins respectueuses de la personne humaine, et d’autres sociétés moins évoluées sur le plan du savoir et des découvertes scientifiques, moins avancées techniquement. Mais une telle hiérarchisation des sociétés humaines dans l’espace ou dans le temps est-elle vraiment possible ? Existe-t-il des critères nous permettant de dire qu’une société vaut plus qu’une autre ? Le développement technique, par exemple, peut être considérée comme un indice du développement humain. C’est en ce sens que l’on considère souvent que la valeur d’une civilisation se reconnaît au développement de sa technique. Mais est-il le seul critère ? Là où l’homme primitif ne possède que quelques outils, l’homme moderne lui, dispose, certes, de la puissance technologique, de l’automation, de la maîtrise de la nature, de l’intelligence et donc d’un plus grand pouvoir sur le monde. Ses performances sont incomparables. Pour autant faut-il faire du progrès technique le critère essentiel qui permet de mesurer la valeur d’une civilisation ? On peut craindre en effet que le progrès technologique implique des risques, des menaces nouvelles qui viennent précisément de son développement sans fin et il n’est pas certain qu’il soit toujours libérateur. Le problème sera donc de savoir si le progrès humain a pour principe essentiel le développement matériel et technique ou bien s’il existe pas des critères plus fondamentaux qui permettent de définir la notion même de civilisation. A quelles conditions pouvons nous dire qu’une société est «  civilisée  » ? Est-ce par ses incroyables prouesses techniques que notre société s’éloigne de la barbarie ? Nous pourrons voir dans un premier temps ce que l’homme peut gagner grâce au progrès technologique. Ainsi nous essayerons de savoir si le développement technique est le fondement essentiel du progrès humain en tant que projet d’une domination de la nature. Mais nous chercherons ensuite à interroger cette tentative de domination pour savoir si la liberté humaine n’est pas paradoxalement menacée par la démesure technologique et les risques qu’elle implique. Enfin nous essayerons de répondre à la question de savoir comment est-il possible de définir l’idée de société civilisée.

I La technique comme progrès libérateur (projet d’une maitrise technique du monde)

On pouvait commencer par montrer que la technique donne à une société humaine une puissance et une supériorité par rapport à d’autres sociétés moins développées sur le plan des savoirs faire et des inventions. La technique en ce sens, par la maîtrise qu’elle rend possible, reste le point fondamental du développement matériel et économique de nos sociétés. Beaucoup d’exemples peuvent le montrer, sur le plan artisanal, agricole, architectural, scientifique, industriel… Chaque étape des grands développements historiques de l’humanité coïncide souvent avec l’apparition d’une innovation technique qui propulse une civilisation vers un stade différent d’évolution (charrue, boussole, imprimerie, machine à vapeur par ex.). On pouvait alors reprendre dans le polycopié distribué certains éléments du passage intitulé «  la technique comme projet d’une humanisation parle moyen d’une maîtrise de la nature  ». Vous aviez là un certain nombre d’indications pour vous aider à développer cette vision positive du développement technique interprété comme base du «  progrès  ». Vous pouviez par exemple développer l’idée marxiste selon laquelle la clé de l’évolution des sociétés est donnée par le développement des techniques et des conditions de production (voir cours).

On pouvait donc repartir de l’idée «  prométhéenne  » selon laquelle la technique donne à l’homme, puissance, bonheur, progrès puisqu’elle est au fondement de ses capacités à agir dans le monde et de son développement économique, puisqu’elle permet à l’homme de s’affranchir de la nature autant que d’accomplir ses rêves les plus fous : aller sur la lune, bâtir des grattes ciels, communiquer instantanément d’un bout à l’autre de la planète, lutter contre la maladie… etc. Une société qui posséderait un développement technique plus important permettrait aux hommes de se délivrer des travaux les plus pénibles pour accomplir ses propres buts et d’avancer plus rapidement vers la «  modernité  ». La technique serait alors un marqueur de la vitesse d’évolution des sociétés : entre une société primitive qui reste au stade de la chasse et de la pêche et une société moderne ultra informatisée, la différence est énorme. Il suffit de faire la liste impressionnante, de l’outil rudimentaire, jusqu’à l’intelligence artificielle, des inventions humaines et de voir, à chaque fois, les conséquences qu’elles impliquent (vous pouviez prendre les exemples qui vous intéressaient le plus : informatique, médecine, robotique, nanotechnologies, biométrie, aéronautique, chimie…etc). L’importance historique des civilisations s’estime donc nécessairement par rapport à leur puissance technologique. Dans une première partie il n’était pas très difficile de montrer que le développement technique d’une société lui donne une supériorité. On le voit très bien avec la course aux armement (la nation technologiquement la plus avancée domine les autres) ou avec la recherche scientifique (la nation dont la recherche est la plus avancée se développe davantage sur le plan économique). Ainsi, si la technique est un signe important du développement des sociétés, on peut hiérarchiser ce niveau de développement en fonction du niveau de maîtrise technologique : entre d’un côté une société très évoluée techniquement et une société «  primitive  », on aura tendance à penser que la civilisation évoluée aura plus de «  valeur  » que la seconde. Donc les inventions techniques ont donné plus de valeur aux civilisations en permettant leur développement, leur richesse, leur puissance. La technique est donc ce qui fonde «  le progrès  », par de nouveaux moyens matériels.

Cependant réduire le progrès humain au seul progrès technique, n’est-ce pas oublier les autres valeurs essentielles qui font la grandeur d’une civilisation ? Le développement technique ne peut pas être à lui seul un critère d’évaluation d’une société car la technique ne vise que l’efficacité, mais l’efficacité ne vise en soi aucune fin et ne comporte aucune valeur, elle n’est qu’une série de moyens qui parfois peuvent mis au service du pire. On pourrait en effet imaginer, comme le fait souvent la science-fiction, des univers technologiques extrêmement développés mais profondément inhumains. Il suffit de reprendre l’exemple Du meilleur des mondes d’Aldous Huxley (écrit en 1931) pour comprendre qu’une société peut être techniquement avancée mais terrifiante s’agissant du respect de la liberté et des personnes dans leur humanité. Ne faut-il pas alors montrer que la technique comporte autant de risques que de progrès ?

II La technique comme dépossession.

On peut donc montrer que l’efficacité peut être utilisée pour le pire (les camps de concentration sont des usines qui fabriquent une mort industrielle techniquement programmée). Le développement technique engendre inévitablement des menaces considérables. Sur ce plan, vous pouviez reprendre également les analyses du cours qui cherchent à montrer en quoi la technique est tout autant pour l’homme un ensemble de bienfaits qu’un ensemble de risques potentiels. Vous pouviez donner libre cours à vos réflexions pour montrer ce qu’il y a pour vous d’inquiétant dans les progrès techniques d’aujourd’hui, qu’il s’agisse du nucléaire et des armements en général, des manipulations génétiques, des risques écologiques, de la circulation des informations, de …ect). Certes, certains veulent préciser que la technique en soi n’est que neutre et qu’elle n’est par elle-même ni bonne ni mauvaise (voir le cours sur cette question du rapport entre moyen et fin) mais peut-on vraiment soutenir cette thèse et se contenter de dire que la technique est neutre puisque tout dépend de ce qu’on en fait ? La technique n’est-elle qu’un ensemble de moyens qui ne nous influencent en rien sur le choix de nos fins ?

Le projet de maîtrise de la nature et de l’histoire caractérise le monde moderne. C’est d’ailleurs cela qui donne sens à l’idée démocratique : un peuple décide se construire par lui-même son histoire et de se donner les moyens de son propre progrès. Le développement technique a souvent été pensé alors comme un élément libérateur essentiel, un des fondements de ce progrès auquel les sociétés démocratiques ont adhéré idéologiquement dès leur naissance. On pourrait cependant imaginer que par le développement de la technique, l’effet inverse se produit. Il est possible d’imaginer aujourd’hui que si la démocratie au départ nous donnait les moyens de construire un monde plus juste et plus libre, nous perdons aujourd’hui, du fait du développement technique, une bonne partie du contrôle sur notre propre histoire.

Au point de départ de l’époque moderne, nous assistons à la naissance des sciences de la nature. Par elles, apparaît le projet d’une domination de la terre. En comprenant les lois du monde naturel, la science va permettre à l’homme de devenir, pour reprendre la célèbre formule de Descartes, «  comme maître et possesseur de la nature  ». La domination scientifique du monde suppose tout d’abord sa connaissance, que l’on envisage comme possible en tous domaines  (tout peut s’expliquer, rien n’arrive sans raison, tout est alors potentiellement compréhensible). Puis de là, se déduit naturellement l’idée d’une domination pratique des choses. Si la nature n’est plus une énigme mystérieuse ou sacrée, elle devient alors un monde utilisable. La nature cesse d’être un cosmos harmonieux et respecté, comme se le représentaient les anciens, pour se transformer en un stock d’objets manipulables. Bref, par la science puis par la technique,  le monde devient une réalité neutre et désacralisé que l’on peut utiliser à notre guise sans scrupule pour réaliser les fins qui sont les nôtres. Tout devient exploitable, utilisable, transformable : la forêt cesse d’être cet univers enchanté qui peuple nos récit littéraires mais elle devient du bois à couper pour nous chauffer, le fleuve n’est plus poétiquement le symbole du temps qui passe mais un moyen de faire des barrages hydrauliques… Par la science et la technique, la nature perd sa poésie pour devenir une réserve à exploiter…

Tant que nous en restons à ce stade, la science reste encore à notre service. Le projet de la science est encore de poursuivre certaines finalités que l’homme se donne préalablement à leurs réalisations. On ne s’intéresse aux moyens (techniques et scientifiques) qu’en vue de certaines fins qu’on estime libératrices. On ne vise pas encore «  la maîtrise pour la maîtrise  », la domination pour la pure et unique fascination pour notre propre puissance, mais on agit encore pour viser au moins deux objectifs fondamentaux : la liberté et le bonheur collectif du plus grand nombre. Bref, au sens traditionnel, la science n’est pas encore devenue un pur « système technicien » mais elle reste liée à un rêve d’émancipation, à une certaine idée du progrès. Par la science, l’humanité devenue optimiste, pense qu’elle va pouvoir faire reculer les obscurantismes, se libérer des servitudes naturelles, améliorer ses conditions de vie, vaincre la maladie, éviter les catastrophes, ect.. C’est par ce développement des connaissances scientifiques que l’on pourrait alors reconnaître la valeur d’une civilisation, par la capacité qu’elle a d’inventer les moyens de mieux maîtriser le réel. Ici, la volonté de maîtrise du monde s’articule encore ici à des finalités humaines extérieures à la science elle-même et supérieures à elle (le bonheur, la liberté). Dans ce cadre la technique n’est pas encore une pure « raison instrumentale » qui ne prend en compte que les moyens et non plus les fins…

Mais la technique contemporaine change cette situation. En effet beaucoup de penseurs et de philosophes de la technique ont souligné un point essentiel : si la technique est à l’origine un moyen qui tend vers des fins, elle devient désormais un processus par lequel les moyens tendent à remplacer les fins. Autrement dit «  le progrès  », au lieu de tendre vers des fins humaines extérieures à lui (le bonheur, la liberté), devient un processus de développement basé sur la performance technologique, la compétition entre les sociétés, et un mouvement concurrentiel  qui ne peut plus s’arrêter et ne vise en fait que sa propre croissance. Entre chaque entreprise, entre chaque laboratoire, une course à la performance, à l’innovation, est lancée, et pour survivre dans un tel univers, il faut toujours faire mieux que les autres.

De là vient ce développement sans fin de la technique qui conduit nos sociétés vers toujours plus de puissance. On le voit sur le plan militaire : nos armes ne cessent de se perfectionner sans que l’on sache vraiment si une telle puissance de destruction a encore un sens. Chaque pays cherche à dépasser l’autre en terme de puissance militaire, de productivité, d’innovation techniques. Dans le cadre de cet univers de la compétition universalisée, la consommation devient l’objectif principal de la vie sociale, et l’idéologie dominante est celle la recherche toujours plus grande d’une croissance devenue fin en soi. Le «  progrès  » dans ce système devient son propre but…

Cet incessant développement de la technique se transforme donc en un processus automatique incontrôlable et même aveugle puisqu’il dépasse les intentions conscientes, les volontés, le sens de ce que les individus peuvent en saisir. La technique mondialisée, mise en réseau, peu à peu, fait de notre système un processus définalisé entièrement orienté vers son autodéveloppement. Par conséquent, si la techno-science se développe sans vraiment que l’homme puisse savoir, à plus ou moins long terme, quelles seront les conséquences de ses propres inventions, si plus personne ne sait «  où va le monde  » s’ il est mécaniquement dirigé par la compétition technologique et économique et non par la volonté des hommes regroupés autour d’un projet politique clair, alors il est effectivement possible de dire que la technique dépossède l’homme de sa liberté.

La technique n’est donc plus une série d’instruments neutres à notre disposition, comme on le croit souvent, mais un phénomène aujourd’hui sans limite, un système planétaire par lequel il ne s’agit plus de dominer la nature mais de dominer pour dominer, de maîtriser pour plus de maîtrise et ceci sans que l’on puisse s’arrêter, ralentir, faire autrement, changer les cours des choses. La «  raison instrumentale  » cesse donc de viser des buts extérieurs à elle pour devenir fin en soi. Voilà donc le principe de la dépossession de l’homme moderne par ses propres inventions : l’accroissement perpétuel des moyens devenant la fin, le progrès serait donc un processus automatique. «  On n’arrête pas le progrès !  ». Non seulement pour la première fois dans l’histoire une espèce vivante est capable, par son génie propre, de s’autodétruire (arme atomique) mais en plus elle fabrique une quantité toujours plus nombreuses d’inventions dont elle ne mesure pas les effets à long terme et ne sait donc plus vraiment où elle va.

Si la technique est donc aussi risque et dépossession, elle ne peut donc pas être le critère principal de la valeur d’une civilisation : peut-être une civilisation vaut-elle véritablement pour l’histoire si elle reste capable de maîtriser son propre destin et de se fixer pour elle-même des valeurs humaines sans lesquelles la notion de « progrès » n’a aucun sens. C’est donc par sa capacité à ses donner des fins, donc par ses valeurs morales, par sa culture et sa richesse spirituelle qu’on peut estimer la valeur d’une civilisation et non simplement par son développement matériel.

III Technique, éthique et politique.

Si la technique est un gigantesque processus de développement qui tend à se définaliser, il lui faut donc un système de contrôle. Les sociétés modernes réussissent-elles à mettre parfois un frein à leur course technologique et à se donner leurs propres fins? Le débat sur les OGM est à ce sujet intéressant car il montre bien le problème de cette situation qui oppose d’un côté ceux qui, au nom de la performance et de la compétitivité économique, veulent faire ce qui est techniquement possible et ceux qui signalent, au nom du principe de précaution, les incertitudes s’agissant des risques possibles. Un tel exemple montre qu’il faut encadrer et surveiller par la loi, au niveau le plus élevé possible, nos activités techniques. Mais une telle exigence n’est plus simplement à penser à l’échelle nationale mais à un niveau mondial. Beaucoup le soulignent aujourd’hui, à commencer par les écologistes. Si nous prenons l’exemple du réchauffement climatique, de la disparition de certaines espèces animales, des dégradations de notre environnement, on voit bien que notre civilisation prouvera sa valeur non pas dans la course illimitée à la croissance mais dans sa capacité à concilier respect de la nature et équilibre écologique en trouvant un modèle de développement soutenable et durable si cela est possible. Mais la résolution de ces difficultés ne pourra se faire que si tous les peuples de la terre acceptent d’inventer de nouveaux modes de vie non polluants. Le progrès de la civilisation passera donc par la capacité des peuples à s’entendre, à se mettre d’accord sur des politiques communes et à agir de concert à un niveau supra étatique. Faute de politique mondiale pour lutter contre les problèmes mondialisés rien ne sera possible, comme le démontre aujourd’hui avec netteté la crise économique dont le traitement implique des décisions internationales. La valeur d’une civilisation peut ainsi se reconnaître à sa capacité de dépasser son propre point de vue purement local pour «  penser global  » et agir de concert avec les autres nations, ce qui suppose l’absence de guerre, de conflit : une société est vraiment civilisée par sa capacité à construire un monde pacifié.

A l’intérieur de ce cadre international nouveau imposé par l’histoire, on comprend qu’une civilisation doit pouvoir principalement s’évaluer par sa capacité à inventer des valeurs, à respecter les personnes humaines, et donc à produire une culture capable de proposer d’autres exigences que celles du simple développement matériel. En effet une société peut être considérée comme civilisée à partir du moment où elle oppose au pur développement économique des critères éthiques et politiques supérieurs. Une société civilisée doit bien évidemment ne pas tolérer la cruauté physique, les châtiments corporels, comme elle ne doit pas voir dans la guerre un simple moyen efficace de l’action politique. En ce sens une société esclavagiste ne peut être véritablement civilisée, ni celle qui ne développe pas la recherche d’une entente internationale entre les nations pour sauver la paix. Une société n’est pas vraiment civilisée si elle n’est pas décente, c’est-à-dire si elle ne préserve pas les droits fondamentaux et la dignité des personnes humaines et si elle évite de pratiquer à l’égard des minorités ou de tout individu, une forme d’humiliation et de ségrégation (comme on pouvait le voir en Afrique du Sud avec l’apartheid ou aux Etats-Unis avec la population noire autrefois). Une société civilisée doit aussi fondamentalement rester juste à l’égard des plus faibles auxquels elle doit assistance et protection : une société «  avancée  » en ce sens n’est pas celle qui a le plus de moyens techniques mais celle qui sait se soucier des plus pauvres, se préoccuper de justice sociale, de solidarité. Ainsi, dignité, égalité, solidarité sont les valeurs cardinales qui permettent d’être des critères pertinents nous montrant la valeur d’une civilisation dans sa capacité à être «  humaine  », juste, tolérante et non pas simplement puissante. Liberté, égalité, fraternité sont les valeurs de la république. Il n’est pas inscrit sur les frontons de nos mairies «  efficacité, performance et croissance  » parce qu’en République les valeurs essentielles ne sont pas techniques ou économiques mais doivent d’abord avant tout être éthiques.

Conclusion :

La valeur d’une civilisation n’est pas simplement relative à sa capacité à se développer matériellement mais elle peut s’estimer par rapport à sa culture, son niveau de pensée, sa capacité éthique à se donner à elle-même ses propres fins selon des objectifs raisonnables et respectueux de la personne humaine, et donc sa capacité de contrôler sa propre histoire. La technique n’est que la puissance, la force, mais ce ne sont que des moyens : ce qui fait l’essentiel, ce sont les fins, et donc la sagesse de l’homme, qui seule peut rendre une société plus humaine, plus démocratique, plus libre. La grandeur des hommes ne tient donc pas seulement à leurs prouesses matérielles mais à leur capacité à produire de la beauté, du bonheur, de la justice, de la solidarité, c’est-à-dire d’autres valeurs sans lesquelles la technique n’a aucun sens. La valeur d’une civilisation doit se reconnaître dans cette capacité à ne pas seulement proposer une pure course à la performance mais dans sa capacité à être décente et équitable, à refuser l’humiliation et l’aliénation, dans sa capacité, par exemple, à s’occuper des plus fragiles et des plus démunis. C’est sans doute ce que voulait dire Simone de Beauvoir lorsqu’elle écrivait dans La vieillesse qu’  » on reconnaît le degré de la civilisation d’une société à la place qu’elle accorde à ses personnes âgées « . La domination de la nature n’est donc pas une fin en soi mais seulement une condition d’amélioration de notre confort. Le confort ne fait pas le bonheur puisque le bonheur collectif exige un sens, des valeurs, une culture, que la technique comme la science sont à elles seules sont incapables de nous donner.

 

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