Introduction
Thème
: la conscience
Question à laquelle l'auteur répond : le cogito est-il
la première /seule certitude? Ou bien suis-je aussi certain
d'autre chose? A travers la conscience de moi-même, n'ai-je
pas aussi, immédiatement, conscience des choses?
Problème :
la
conscience est-elle pure intériorité? Ou n'est-elle
pas par définition rapport au monde extérieur, et
constituée par lui? -C'est un texte qui s'oppose donc à
l'idéalisme (problématique!) cartésien.
Plan :
1)
L. 1 à 3 : position du problème
2) l.3 à
11 : développement : énoncé des différentes
sortes de vérité, et ce que sont les vérités
premières dans chacune
3) l.11 à
15 : conclusion et thèse de l'auteur : élargissement
du cogito cartésien, et donc de la conscience elle-même
I-
Position du problème
-Porte
sur le cogito cartésien. Il n'est pas remis en cause : c'est
un bon point de départ; mais il est reconnu insuffisant.
-"Une
des vérités premières" : expliquer pourquoi
(ie : expliquer rapidement le cogito)
- problème
: pourquoi l' "une"? (oui, au sens où après
il y a Dieu)
II-
Pourquoi cette négligence? Et que sont ces vérités
premières?
Il
va ici montrer pourquoi le cogito est incomplet, en prenant pour
point de départ l'analyse des vérités, plus
précisément, ce qu'est la vérité en
général.
1)
- deux sortes de vérité : de fait; de raison; distinction
classique au 17e, reprise d'Aristote :
a)
Vérités d'ordre logique, qui n'ont rien à
voir avec le réel mais avec la structure de notre pensée
ou de la raison. Par suite, vérités éternellement
vraies, car ne dépendent pas la réalité pour
être vraies.
Le contraire des vérités de raison est contradictoire
(cf. 2 et 2 font 4)
b)
Et vérités portant sur le monde (genre "tous
les corps sont pesants"). Peuvent être vraies aujourd'hui
et fausses demain car dépendent, pour être vraies,
du monde.
Le contraire d'une vérité de fait est possible ("Je
fais cours aujourd'hui à 17h00 dans la salle 13" est
une vérité de fait, car le contraire était
possible, et n'est donc pas contradictoire
2)
Les vérités premières dans chacun de ces genres
de vérité :
a)
dans le premier genre, Leibniz dit qu'il n'y a qu'une vérité
première : c'est le principe de contradiction (identité
: "A est A"; "si A est A, il ne peut en même
temps être non A")
b)
dans le second, il est impossible qu'il n'y ait qu'une vérité
première, cela découle de son concept même,
de son domaine. C'est en effet en montrant sur quoi elle porte,
que Leibniz pose cette thèse d'une multiplicité
de fait premières - qui le conduit, on va le voir, à
faire un drôle d'usage du terme de "conscience"
Thèse
: vérités de fait premières : il y en a une
multiplicité; autant en fait que de perceptions immédiates
(qui sont assimilées à des consciences)
Explication
: j'ai certes conscience de mon moi pensant mais aussi de mes pensées,
ie, d'une variété de pensées
- Attention
: Descartes l'a dit aussi : je n'ai conscience que de penser, d'être
une chose pensante, d'avoir des pensées;
- Mais
ce que veut dire Leibniz, c'est que s'il est indubitable que je
pense, il l'est autant que je pense telle ou telle chose : Descartes
ne rajouterait pas ça : ça, c'est incertain (cf. MG;
rêve). J'ai des pensées, pour D = sûr et certain;
quelque chose en dehors : non, peut-être pas.
Ca
veut dire qu'une conscience sans contenu, une pensée sans
objet, est impossible (d'où encore "les consciences"
: ce sont des pensées ou perceptions immédiates).
Mais plus encore, ça veut dire que ce contenu, cet objet
de nos pensées, est tout aussi certain que mes pensées
et que moi-même. Ou encore, saisi "en premier"
Conclusion : Leibniz transforme donc ici la portée du cogito
de Descartes, en en faisant, non plus la vérité rationnelle
première, mais une vérité de fait première,
à laquelle il adjoint aussitôt une autre : "il
y a une grande variété dans mes pensées"
Note
: Pourquoi le cogito est-il de l'ordre des vérités
de fait?
Car
il porte sur quelque chose d'existant, dont on est immédiatement
conscient, dont on a une perception immédiate. Et c'est une
vérité première car c'est de nous-mêmes,
de la conscience d'exister, que nous partons pour connaître
le réel. C'est donc une vérité de base, sans
laquelle nous ne pouvons pas connaître le réel (on
en part : en cela c'est toujours une philo de la conscience/du sujet)
III-
Conclusion et thèse de l'auteur
Cela
mène à un élargissement du cogito cartésien,
et de la conscience elle-même.
La
formule exacte et complète du cogito est :
Prémisses
: "Je pense" et "des choses diverses sont pensées
par moi";
Conclusion : "je suis" et "je suis affecté
de différentes manières"
Donc
: le monde extérieur m'est donné immédiatement
dans le cogito, avec la conscience. Et : le moi n'est pas quelque
chose d'abstrait, il se donne avec des qualités.
Explicitation.
Pour
Descartes :
(1) le cogito seul est vérité première (la
variété des pensées n'étant exploitée
pour prouver le monde extérieur qu'à la fin des Méditations)
(2) la variété n'intervient alors qu'après
le sentiment de contrainte
Pour
Leibniz :
Il
y a deux vérités générales et premières
qui parlent de l'existence des choses :
(1)
nous pensons
(2) il y a une grande variété dans nos pensées;
et c'est cette deuxième vérité (de fait) première
qui est négligée par Descartes.
(3) Or, de celle-ci (=variété), il s'ensuit qu'il
y a, hors de moi qui pense, autre chose que moi (cf. "je suis
affecté" : renvoie à autre chose que moi).
(4)
en effet, cette variété de pensées ne saurait
venir de ce qui pense, car une seule et même chose ne saurait
être cause des changements qui sont en elle : la variété
des pensées et leur variation exige comme cause une multiplicité
agissant sur l'âme pensante, qui est une; la multiplicité
est donc bien externe
Intérêt
philosophique :
Soit
:
1)
discussion sur le rapport que nous avons au monde extérieur,
puisque la conséquence est que les vérités
de fait ne sont pas nécessairement trompeuses
2)
conscience comme intentionnalité
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